Les chansons les plus reals de Eminem, Jay-Z, Ghostface Killah, Royce Da 59 et Ab-Soul




Après Tupac, DMX, J Cole, Scarface, Kid CudiNas, 50 Cent, T.I., Beanie Sigel, Danny Brown et Biggie, The Game, Drake, Clipse et Gucci Mane, voici la dernière partie des 20 chansons sur lesquelles les rappeurs rappent avec leur coeur et leur âme.

Eminem – Cleanin’ Out My Closet (2002)

Aucun rappeur n’a jamais autant étalé son linge sale devant un public aussi gigantesque qu’Eminem l’a fait, parlant la plupart du temps de ses relations tourmentées avec à la fois sa mère et son ex femme Kim. Et alors que la plupart de ses plus gros hits et chansons les plus mémorables consistaient en des concepts comiques, Cleanin’ Out My Closet fut LE moment dans sa profusion de hits où il a déversé tous ses problèmes familiaux jusqu’à le répandre dans le Top 10 du Billboard. Bien sur, il s’est lâché sur sa mère plusieurs fois auparavant, mais jamais sur un couplet entier et avec un sérieux qui ne le caractérisait pas lorsqu’il avait abordé le sujet sur ses albums précédents. Beaucoup de fans pensent à tort et à cause du refrain que toute la chanson est dirigée contre sa mère, mais il n’en est rien: le premier couplet adresse ses critiques et le second son père qui l’a abandonné à la naissance

« I was a baby, maybe I was just a couple of months / My faggot father must’ve had his panties up in a bunch / ‘Cause he split, I wonder if he even kissed me goodbye / No, I don’t, on second thought, I just fuckin’ wished he would die »

« J’étais un bébé, peut-être que j’avais seulement quelques mois / Mon pd de père devait avoir ses règles / Car il s’est cassé, je me demande si il m’a donné un bisou d’au revoir / A y réfléchir non je ne me le demande pas, j’aurais juste souhaité qu’il crève »

 

Ainsi que Kim lorsqu’il l’a surprise avec un autre mec:

« What I did was stupid, no doubt it was dumb / But the smartest shit I did was take the bullets out of that gun / ‘Cause I’da killed ’em, shit, I woulda shot Kim and him both »

« Ce que j’ai fait était stupide, pas de doute, c’était débile / Mais le truc le plus intelligent que j’ai fait a été d’enlever les balles de ce flingue / Car je les aurais tués, merde, j’aurais tiré sur Kim et lui ».

 

On en vient donc au thème principal de la chanson, l’un des couplets les plus real du rappeur blond de Detroit, celui où il affiche son enfance et adolescence aux cotés de sa mère, sans jamais l’épargner:

« Put yourself in my position, just try to envision / Witnessin’ your mama poppin’ prescription pills in the kitchen »

« Mets toi à ma place, essaie d’imaginer / Etre témoin de ta maman qui s’envoie des pilules prescrites dans la cuisine »




« Goin’ through public housing systems / Victim of Münchausen’s Syndrome / My whole life I was made to believe I was sick when I wasn’t / ‘Til I grew up, now I blew up / It makes you sick to your stomach, doesn’t it? »

« Allant de logements sociaux en logements sociaux / Victime du syndrome de Munchausen / Toute ma vie on m’a fait croire que j’étais malade alors que je ne l’étais pas / Jusqu’à ce que je grandisse, maintenant j’ai réussi / Ca te rend malade pas vrai? »

 

« Guess what, you’re gettin’ older now / And it’s cold when you’re lonely / And Nathan’s growin’ up so quick / He’s gonna know that you’re phony / And Hailie’s gettin’ so big now, you should see her, she’s beautiful / But you’ll never see her—she won’t even be at your funeral »

« Devine quoi, tu deviens de plus en plus âgée / Et il fait froid quand tu es seule / Et Nathan grandit si vite / Il va savoir que t’es bidon / Et Hailie est devenue grande maintenant, tu devrais la voir, elle est magnifique / Mais tu ne la verras jamais, elle n’ira même pas à ton enterrement »

 

« How dare you try to take what you didn’t help me to get?! / You selfish bitch, I hope you fuckin’ burn in hell for this shit! / Remember when Ronnie died and you said you wished it was me? / Well, guess what, I am dead—dead to you as can be! »

« Comment t’oses essayer de me prendre ce que tu ne m’as pas aidé à obtenir?! / Salope d’égoiste, j’espère que tu brûleras en enfer pour tout ça! / Tu te rappelles quand Ronnie est mort et tu as dit que t’aurais voulu que ce soit moi? / Et bien, devines quoi, je suis mort, mort à jamais pour toi! »

 

Ca aurait pu sonner comme les derniers mots d’Eminem à sa mère, refermant le livre sur une quelconque réconciliation éventuelle, mais son single Headlights sorti en 2013 rouvrait le sujet avec une perspective bien plus attendrissante et désavouant cette chanson avec la phrase

« I no longer play at shows and I cringe every time it’s on the radio. »

« Je n’interprète plus cette chanson en concerts et je grimace chaque fois qu’elle passe à la radio. »

 

Jay-Z – You Must Love Me (1997)

You Must Love Me est le coeur endurci de Jay-Z dans l’album le plus sous-estimé du rappeur, In My Lifetime Vol1. Même si beaucoup de chansons de ses premiers albums relatent des histoires de drogue et que certaines sont ouvertement tirées de mésaventures abordées dans sa jeunesse, You Must Love Me cible des récits sur sa famille, la trahison, le pardon et le regret. Jay confesse vendre de la drogue à sa propre mère, tirer sur son propre frère ainsi que demander à sa copine de faire la mule en prenant l’avion. Mais chacun de ces trois couplets est déroulé si poétiquement que l’émotion des histoires transcende la mélodie jusqu’à nous prendre à la gorge.

« All you did was motivate me, ‘Don’t let ’em hold you back’ / What I do? I turned around and I sold you crack / I was a bastard for that, still I’m drowning in shame »

« Tout ce que t’as fait a été de me motiver, ‘Ne les laisse pas te freiner’ / Qu’est-ce que j’ai fait? Je t’ai vendu de la drogue / J’ai été un batard pour ça, je continue de me noyer dans la honte »




« Gun in my hand told you step outside / Hoping you said no but you hurt my pride / Made our way down the steps / Maybe you thought it was just a threat / Or maybe ya life was just that crazy / And you was beggin’ for death / Try to justify this in my young mind / But the adrenaline and my ego hurt combined / Drove me berserk, saw the devil in your eyes / High off more than weed / Confused, I just closed my young eyes and squeezed (gunshot) / What a sound! Opened my eyes just in time / To see ya stumbling to the ground / Damn! what the fuck I done now? »

« Flingue dans ma main je t’ai dit de venir dehors / Espérant que tu dises non mais tu as blessé ma fierté / On a descendu les marches / Peut-être que t’as cru que ce n’était rien qu’une menace / Ou peut-être que ta vie était dingue / Et tu suppliais de mourir / Essayant de justifier ça dans mon jeune esprit / Mais l’adrénaline et la blessure de mon égo se sont combinées / Ca m’a rendu furieux, j’ai vu le diable dans tes yeux / Plus défoncé qu’à l’herbe / Troublé, j’ai simplement fermé mes jeunes yeux et ai pressé la détente (tir de fusil) / Quel son! J’ai ouvert mes yeux juste à temps / Pour te voir trébuchant au sol / Merde! Qu’est-ce que j’ai fait? »

 

« As you stared in my face asking me could you go / I agreed said send her everything’ll go smooth / Just tell her what to do and everything’ll go through / Strapped her body with them thangs as you boarded the plane / Couldn’t explain the strange feeling that I caught in the vein / I’m thinking why would I send you when I knew it ain’t right / I’m thinking what would make you sacrifice ya life »

« Alors que tu me regardais me demandant si tu pouvais y aller / J’ai été d’accord, j’ai dit de t’envoyer et que tout allait bien se passer / Juste dis lui ce qu’il faut faire et tout se déroulera bien / Son corps attaché avec ces choses alors que tu embarquais dans l’avion / Je ne pouvais pas expliquer ce sentiment étrange / Je me demandais pourquoi je t’envoyais alors que je savais que ce n’était pas bien / Je me demandais ce qui te faisait accepter de sacrifier ta vie »

 

Ghostface Killah – All That I Got Is You (1996)

L’élocution énergique de Ghostface sur certaines chansons a souvent donné l’impression qu’il était proche de fondre en larmes, mais il n’a jamais révélé autant d’émotions que sur All That I Got Is You où il semble à deux doigts d’éclater en sanglots à plusieurs moments. Un an après que Mary J Blige a aidé à élever Method Man au rang de popstar avec un duo romantique, elle a glorifié le single d’un autre membre du Wu-Tang Clan, cette fois en apposant sa soul dans un refrain mélancolique tandis que Ghost imprégnait les couplets des souvenirs de son enfance en rendant hommage à sa mère. Avec une exécution typique de Ghostface, il capturait un principe assez répandu dans les chansons rap: avoir grandi dans la pauvreté, et le faisait vivre avec des détails dramatiques et des choix de mots alarmant.

 

« We used to play ball / Eggs after school, eat grits cause we was poor / Grab the pliers for the channel, fix the hanger on the TV / Rockin each others pants to school wasn’t easy / We survived winters, snotty nosed with no coats / We kept it real, but the older brother still had jokes »

« On jouait au ballon / Les œufs après l’école, on mangeait du gruau de maïs parce qu’on était pauvres / Attrape les pinces pour la chaine, fixe le cintre sur la télé / Porter les pantalons de l’autre à l’école n’était pas facile / On a survécu aux hivers, les nez qui coulaient, sans manteaux / On restait real, mais le grand frère nous racontait quand même des blagues »




« Check it, fifteen of us in a three bedroom apartment / Roaches everywhere, cousins and aunts was there / Four in the bed, two at the foot, two at the head / I didn’t like to sleep with Jon-Jon he peed the bed / Seven o’clock, pluckin’ roaches out the cereal box / Some shared the same spoon, watchin’ Saturday cartoons / Sugar water was our thing, every meal was no frill / In the summer, free lunch held us down like steel / And there was days I had to go to Tech’s house with a note / Stating, « Gloria, can I borrow some food I’m dead broke » / So embarrasin’ I couldn’t stand to knock on they door / My friends might be laughin’, I spent stamps in stores / Mommy where’s the toilet paper, use the newspaper »  »

« Matte, on était 15 dans un appartement à 3 chambres / Des cafards partout, des cousins et tantes étaient là / Quatre dans le lit, deux au pied, deux à la tête / Je n’aimais pas dormir avec Jon-Jon il pissait au lit / 7 heures du mat, on retirait les cafards des boites de céréales / Certains partageaient la même cuillère, regardant les dessins animés le samedi / L’eau sucrée était notre truc, on mangeait chaque repas sans chichis / L’été, les déjeuners gratuits nous ont soutenu comme de l’acier / Et il y avait des jours où j’allais chez Tech avec un mot: / « Gloria, est-ce que je peux t’emprunter de la nourriture je suis complètement fauché » / Tellement gêné que je ne supportais pas frapper à leur porte / Mes amis rigolaient, je dépensais des coupons alimentaires dans les magasins / « Maman où est le papier toilette? » « Utilise le journal »

Royce Da 59 – Shake This (2009)

La carrière de Royce Da 59 a connu un départ prometteur à la fin des années 90 mais les choses se sont vites compliquées. Il avait pourtant commencé à rapper aux cotés d’Eminem et à écrire pour Dr Dre mais après que son premier album « Rock City » en 2002 échoua à propulser sa carrière au niveau que son talent lui permettait d’atteindre, le rappeur succomba à l’alcool tandis que son importance dans le game diminuait. « J’étais dans une période d’abus, je pulvérisais les bouteilles » se confiait-il dans une interview. Son déclin a atteint son paroxysme en 2006 lorsqu’il fut condamné à un an de prison pour conduite en état d’ivresse.

Sur la chanson Shake This produite par DJ Premier, il lâchait tout:

« Somebody come help me!/Find my strength to stop drinking this poison, ‘fore I drown my gift »

« Que quelqu’un vienne m’aider! / A trouver ma force afin d’arrêter de boire ce poison avant que je ne fasse couler mon don »

 

« September 18th, 2006 / I roll up in the court thinking, « This should go quick » / I witnessed my world tumble down like bricks / Two words she slurred and they sounded like this / « One year, » traveled through the room / Like moonlight, through the darkness »

« 18 septembre 2006, je m’amène dans le tribunal me disant ‘Ca devrait aller vite’ / J’étais témoin de l’effondrement de mon monde comme des briques / Elle a prononcé deux mots et ça m’a donné cette impression / ‘1 an’ s’est propagé dans toute la salle / Comme le clair de lune à travers l’obscurité »

 

Mais ce qui a rendu ce son si poignant fut la façon dont il parlait à la fois de sa vie personnelle et professionnelle:

« I gotta shake this jail shit off me/He ain’t gon’ never sell, he gon’ fail shit off me. »

« Je dois me dégager de cette prison / De ce ‘il ne vendra jamais’, de ce ‘il échouera' »

 

Depuis cette chanson, il a justement réalisé ça en se réconciliant avec Eminem pour enfin sortir leur album Bad Meets Evil qui lui fit atteindre pour la première fois le statut de Disque d’Or.

Ab-Soul – The Book of Soul (2012)

L’album d’Ab-Soul qui lui a permis de percer dans le game est sorti seulement trois mois après le suicide sa petite amie de longue date, Alori Joh. L’ultime chanson enregistrée pour Control System lui est adressée et est devenue la pièce maitresse de l’album.




Soul y détaille tout d’abord les difficultés incapacitantes dues au syndrome Stevens-Johnson qui a hanté son adolescence.

« Caught Stevens–Johnson syndrome when I was ten years old / Internal and external fever / 80% Fatality rate at that time, ain’t that some shit / Severe pink eye, my eyes swollen shut / For like two or three months, it’s still bright as fuck / Oh, and I even lost my lip skin / Grew back darker than its original pigment / Skin disfigured from boils and blisters / Unidentifiable by my little sister »

« J’ai attrapé le syndrome Stevens-Johnson lorsque j’ai eu 10 ans / Fièvre interne et externe / / Le taux de mortalité était de 80% à cette époque / Conjonctivite sévère, mes yeux gonflés jusqu’à ne plus rien voir / Pendant deux ou trois mois, c’est encore super illuminé / Oh et j’ai même perdu la peau de ma lèvre / Elle a repoussé plus sombre que sa pigmentation originale / La peau défigurée à cause des furoncles et des cloques / Non-identifiable par ma petite soeur »

 

Ensuite il relate son amitié et sa relation avec Joh, et ses plans pour la revoir à nouveau dans la vie après la mort. Sa voix s’élève avec intensité, mais il ne perd jamais sa mainmise sur les paroles délicates de la chanson.

« I was nobody, you was the hottest hottie in the school / Or the world to me, not saying that ’cause I’m your dude / I’m glad I got to watch the woman that you blossomed to / Ironic we always had the same classes / I copied off your work, and you ain’t always had / The right answers but it worked, mama, thanks a lot / Probably wouldn’t have even graduated had you not / Somewhere down the line, we became an item »

« J’étais personne, tu étais la meuf la plus bonne à l’école / Ou le monde pour moi, je ne dis pas ça parce que je suis ton mec / Je suis heureux d’avoir pu voir la femme que tu es devenue / On avait les mêmes cours / Je te recopiais et tu n’avais pas toujours eu / Les bonnes réponses mais ça s’est bien passé, merci beaucoup / Je n’aurais sans doute pas été diplomé si tu ne l’avais pas été / Et avec le temps qui passait, nous sommes devenus un tout »

 

« Seven whole years, seven whole years / It was supposed to end with our grand kids / I’m such a nice guy, why, Lord? / Why Lori? Why’d you have to take her from me? / I guess He needed your angel face for all of heaven to see »

« Sept années / C’était censé se terminer avec nos petits enfants / Je suis tellement un gars bien, pourquoi Seigneur? / Pourquoi Lori? Pourquoi as-tu du me l’enlever? / Je suppose qu’il avait besoin de ton visage d’ange afin de le montrer à tout le Paradis »

 

« I guess the Mayans wasn’t lyin’ / 2012, my world ended / You used to say that I could see the future / You was wrong, ’cause you was in it / And I was just with you the day before / You said you loved me, I said I loved you more / And as much I wanna cower and bid the mic adieu / And fall off a fucking tower tryna find you / I gotta stay ’cause I remember that day / I looked you in the face and told you / « Nothing can stop me, not even you » / Stick to the plan, I’ll meet you at our spot »

« Je suppose que les Mayas ne mentaient pas / 2012, mon monde s’est achevé / Tu disais que je pouvais voir le futur / Tu t’es trompée car tu y étais / Et j’étais juste avec toi le jour d’avant / Tu m’as dit que tu m’aimais, je t’ai dit que je t’aimais encore plus / Et même si j’ai envie de me recroqueviller et dire adieu au micro / Et de tomber d’une putain de tour pour essayer de te trouver / Je dois rester parce que je me souviens de ce jour / Je t’ai regardée et t’ai dit: / « Rien ne peut m’arrêter, même pas toi » / On s’en tient à notre plan, je te verrai à notre endroit »

 

Dans le deuxième et dernier couplet, il n’hésite pas à dévoiler ses intentions si jamais le destin se retourne à nouveau contre lui:

« Everything I love the most gets taken away / My momma and music is next / And if that happens before I turn 28 / Then I’m going out with Kurt Cobain »

« Tout ce que j’aime le plus m’est enlevé / Ma maman et ma musique seront les suivantes / Et si ça arrive avant que j’ai 28 ans / Alors je partirai comme Kurt Cobain »

Article rédigé par Gilles B. (traduction des paroles par Adra)

Adra
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Créateur et administrateur d'Adramatic Hip-Hop Pour toute demande (sérieuse) de promotion: adramatic(at)gmail.com