Après avoir élu l’année 1996 comme étant la meilleure du hip-hop, il était temps de s’intéresser un peu plus aux classiques sortis à cette période.
1996, c’est l’apogée, ou presque, du deuxième âge d’or du hip-hop, avec un mélange éblouissant d’artistes établis, de stars émergentes franchissant une nouvelle étape et de nouveaux venus extrêmement talentueux affirmant leur place dans la culture. C’était aussi une année particulièrement importante pour l’histoire du rap, malheureusement souvent pour de mauvaises raisons.
Voici notre sélection des 20 meilleurs albums hip-hop sortis cette année là:
20. Heltah Skeltah – Nocturnal
Aucune présentation du hip-hop new-yorkais du milieu des années 90 ne saurait être complète sans mentionner le Boot Camp Clik. La faction la plus talentueuse du supergroupe était sans doute Heltah Skeltah, un duo composé des cracheurs Ruck et Rock (alias Sean Price), originaire de Brownsville à Brooklyn. Sur des beats prototypiques fournis par Da Beatminerz, E-Swift et quelques autres, les deux MC’s ont créé des chansons street complexes qui sont un mélange parfait de dureté et d’introspection. Que le duo soit seul, comme sur « Operation Lock Down », ou qu’il soit accompagné de son équipe, comme sur le classique certifié avec O.G.C. (sous le nom de The Fab Five), « Leflaur Leflah Eshkoshka », Heltah Skeltah n’a jamais faibli.
19. A Tribe Called Quest – Beats, Rhymes and Life
Faire suite à deux – voir trois – classiques est une tâche herculéenne quelles que soient les circonstances, mais le faire au milieu d’une discorde interne, de changements de vie et de créativités supplémentaires en studio est presque impossible. Ainsi, l’arrivée de Consequence au micro et de J. Dilla derrière les platines, la conversion de Q-Tip et d’Ali Shaheed Muhammad à l’Islam, et le déménagement du regretté Phife Dawg à Atlanta ont contribué à faire de Beats, Rhymes and Life le premier véritable faux pas de Tribe. Malgré tout, un album de Tribe de qualité médiocre est meilleur que la plupart des autres et il y a certainement des points forts, mais tout ce qui a tourbillonné autour du groupe a eu pour effet de remplacer le son caractéristique de l’espièglerie mélangée à la conscience par un ton sombre et sérieux qui a pesé sur l’ensemble du projet.
18. Lil’ Kim – Hard Core
Il est presque impossible de minimiser l’importance de Hard Core. Avec Foxy Brown, Lil’ Kim a changé à jamais le rôle de la femme MC en bouleversant les normes du genre hip-hop et en prenant le pouvoir de sa sexualité. Produit (et plus encore) par The Notorious B.I.G. , Hard Core est l’album qui s’insère parfaitement entre Ready to Die et Life After Death, rempli de lignes amusantes sur le sexe, les armes à feu et les voitures, le tout sur fond de samples soyeux et lourds.
17. M.O.P. – Firing Squad
Il est difficile de rester brut de décoffrage sur des beats plus sculptés, mais M.O.P. a réussi à conserver son caractère rugueux même après avoir élevé le niveau de production en s’associant à des DJ Premier, Jaz-O et d’autres. Le résultat est le rêve éveillé d’un fan de rap new-yorkais pur et dur, Billy Danze et Lil’ Fame apportant leur énergie débordante sur des drums qui martèlent et des basses funky. Primo fournit les instrus de la moitié de l’album et la plupart de celles-ci sont les morceaux les plus marquants, comme « Stick to Ya Gunz », « Downtown Swinga ’96 » et le titre éponyme.
16. Mad Skillz – From Where???
Avant d’être le plus célèbre ghostwriter au « sac à dos à un million de dollars » et aux rap-ups annuels, le MC alors connu sous le nom de Mad Skillz avait été consacré par la section Unsigned Hype de The Source, notamment car il était capable d’écrire à la fois un battle rap et une chanson complète. Le natif de Virginie a de la substance et du style en abondance et ses raps sur From Where ??? sont une combinaison d’observations perspicaces et de punchlines intelligentes sur une variété de sujets sous plusieurs angles, tandis qu’il se donne sur les productions fournies par une collection diverse de beatmakers incluant J. Dilla, Beatnuts, Buckwild, Large Professor, DJ Clark Kent, et Shawn J. Period.
15. Westside Connection – Bow Down
En 1996, Ice Cube, qui avait déjà fait ses preuves au box-office avec Boyz N the Hood, Friday et d’autres films, passe du MC politiquement engagé du début de sa carrière au personnage surdimensionné supergangsta de Don Mega qu’il incarnera plus tard. Mais il avait encore un pied dans chaque monde lorsqu’il s’est associé à un autre vétéran de la côte ouest, WC, ainsi qu’à son propre protégé Mack 10 pour former Westside Connection. Sur leur premier album, le Gangsta, le Killa et le Dope Dealer ricanent mélodieusement et se la pètent sur des instrus dures, alternant entre la défense de leur son – et de leur côte – et la confrontation de leurs adversaires. Bow Down, l’une des dernières salves de la guerre Est-Ouest, est sorti un peu plus d’un mois après l’assassinat de Tupac Shakur. Il est donc sorti dans un climat différent de celui dans lequel il a été enregistré, mais en ce qui concerne le gangsta rap de Los Angeles, peu d’albums le surpassent.
14. UGK – Ridin’ Dirty
UGK est l’un des groupes de hip-hop les plus importants et les plus influents du Sud et Ridin’ Dirty est leur plus grande réussite. C’est l’album sur lequel ils ont tous deux fait le grand saut: Bun B a enfin réalisé son plein potentiel en tant que MC, comme en témoigne son couplet impeccable sur « Murder », tandis que la production de Pimp C était superbe, restant clairsemée mais aussi pleinement texturée. En fait, c’est toute l’ambiance de l’album: c’est le mélange parfait du yin et du yang. C’est à la fois la rue et la douceur. Lisse mais nerveux. Agressif mais en même temps émotionnel, avec des refrains accrocheurs posés sur des beats durs. UGK a été influencé par N.W.A, Run-DMC et les Geto Boys, donc Bun et Pimp ont pris l’ADN de ces groupes et l’ont fusionné avec leur propre style pour créer quelque chose d’entièrement nouveau. Ils sont alors devenus l’influence de toute une génération d’artistes. La sonorité de tant d’albums sudistes des deux dernières décennies peut être retracée jusqu’à Ridin’ Dirty.
13. Dr. Octagon (Kool Keith) – Dr. Octagonecologyst
Kool Keith ne ressemble à aucun autre rappeur et Dr. Octagonecologyst ne ressemble à aucun autre album de hip-hop. Pour son projet solo tant attendu, le fondateur des Ultramagnetic MCs a décidé d’incarner le personnage du Dr Octagon, un gynécologue meurtrier qui voyage dans le temps et agresse ses patientes. Entre de mauvaises mains, cela pourrait être un désastre, mais Keith est suffisamment intelligent et la musique, délivrée par Dan the Automator avec l’aide de KutMasta Kurt, DJ Qbert et Keith lui-même, est suffisamment bonne pour éviter cela. C’est un album de hip-hop, mais il incorpore aussi du psychédélisme, de l’électronique et du trip-hop avec des thèmes qui vont de l’horreur à la science-fiction, en passant par le fantastique misogyne. En bref, il ne peut être catégorisé. Il a ouvert la voie à la renaissance de l’underground de la fin des années 90 et avait des années d’avance sur ce que faisaient les autres à l’époque.
12. Ras Kass – Soul on Ice
Dès le début, il était clair que Ras Kass était redoutable avec sa plume. Proclamé la réponse de la côte ouest à Nas, il a évité la plupart des sujets habituellement abordés par ceux qui viennent de sa région, choisissant plutôt de livrer un album imprégné de paroles complexes qui abordent le racisme, la religion, l’industrie de la musique et une myriade d’autres sujets. Sur « Reelishymn », il résume en moins de deux bars les vingt dernières années de plaintes et de problèmes dans le rap: « Faites un tube à la radio, les puristes le critiquent/Un classique underground, personne ne l’achète/Donc le rap est niqué ». Sur le plan des paroles, l’album répond aux attentes, voir les dépasse, et si les instrus avaient été un peu plus fortes, Soul on Ice aurait pu être considéré comme l’Illmatic de Californie.
11. Redman – Muddy Waters
Muddy Waters, c’est Redman au meilleur de sa forme: habile mais pas trop technique, intelligent mais pas trop farfelu, amusant mais pas trop idiot. Avec le producteur exécutif Erick Sermon, il a créé des instrus hardcore imprégnées d’une ambiance funky, sur lesquelles il a combiné la dextérité verbale de Whut ? Thee Album et l’ambiance sombre de Dare Iz a Darkside. Avec un éventail de titres allant du fluide « Pick It Up » au décontracté « Whateva Man » en passant par le duo atmosphérique avec Method Man, « Do What You Feel ». C’est le projet de Redman par excellence.
10. De La Soul – Stakes Is High
Ce n’est pas un hasard si De La Soul a intitulé son quatrième album Stakes Is High. Le nom s’applique tout à fait au statut du groupe, car il s’agit de leur premier album sans Prince Paul, leur producteur de longue date, et beaucoup se demandaient si leur sonorité allait en souffrir. Mais c’est aussi leur déclaration sur l’état du hip-hop en général et ses effets sur les vies et les quartiers des gens (d’où la raison pour laquelle la cover de l’album est une photo d’un groupe d’enfants). Common apparaît sur le très doux « The Bizness » et Mos Def fait sa première apparition sur un album majeur sur « Big Brother Beat ». Tous deux s’intègrent parfaitement au son de De La La, et l’album reste fidèle au message, dès la première chanson, « Supa Emcees », y compris les interludes et les clips, jusqu’à la chanson éponyme, sur laquelle Posdnuos, Dove et Maseo annoncent qu’ils en ont assez de la direction que prennent la musique et la culture. Les enjeux étaient élevés, mais De La Soul a relevé le défi. Pas de Prince Paul? Pas de problème.
9. Makaveli (Tupac) – The Don Killuminati: The 7 Day Theory
1996 sera toujours connue comme l’année de Tupac. Au cours de cette période, il a sorti deux albums, dont un double, a sorti une chanson qui a déclenché une guerre et a été abattu à Las Vegas. Neuf mois après la sortie de All Eyez on Me, et huit semaines après son assassinat, est sorti l’album que nous appelons tous Makaveli. Destiné à l’origine à être un projet underground pour la rue, il montre les différentes facettes de ‘Pac, oscillant entre une déclaration de guerre à toute l’industrie et l’écriture de certains des propos sociaux les plus pénétrants de la fin de sa carrière. La colère de « Bomb First (My Second Reply) » et de « Toss It Up » est contrebalancée par le caractère poignant de « Blasphemy » et de « White Man’z World », tandis que « Me and My Girlfriend » utilise la métaphore du pistolet en tant que femme – inspirée par « I Gave You Power » de Nas – et que « Against All Odds » reste l’un des morceaux de clashs les plus sous-estimés de l’histoire. La mort de Tupac a donné un aspect sinistre à cette œuvre sombre et inquiétante et l’a rendue plus épique et mémorable qu’elle ne l’aurait été sans ça.
8. Fugees – The Score
Après l’échec de leur premier album, Blunted on Reality, les Fugees étaient sur le point de se dissoudre. Au lieu de cela, ils se sont retranchés en studio et, délaissant les flows rapides sur des rythmes boom bap de leur premier projet, ils ont choisi de créer un album plus soul, plus intelligent, plus nuancé, qui a été acclamé tant par la critique que par le public. The Score a mis en valeur les talents de chacun de ses membres, qu’il s’agisse de la musique de Wyclef, qui combine samples et instrumentation live, de la voix exquise de Lauryn Hill, dont le flow n’a rien à envier à celui des meilleurs, ou des paroles de Pras. Avec ses reprises de « Killing Me Softly » et « No Woman, No Cry » aux côtés de « Ready or Not » et « How Many Mics », c’est un album qui regarde à la fois vers le passé et vers l’avenir. L’album a dominé une grande partie de l’année 1996 et si certaines de ses chansons semblent datées, c’est uniquement parce qu’il est devenu le modèle du hip-hop alternatif pour les années suivantes.
7. Ghostface Killah – Ironman
Lorsque le Wu-Tang Clan fait irruption sur la scène en 1993, plusieurs membres sont tout de suite devenus des stars, notamment Method Man et Ol’ Dirty Bastard, tandis qu’un individu a gardé son visage caché, rendant son histoire plus mystérieuse que les autres. En 1995, Ghostface fait tomber le masque et contribue à faire de Purple Tape (Only Built For Cuban Linx de Raekwon) un classique et, un an plus tard, revient avec son propre premier album, qui reste l’un des meilleurs du catalogue du Clan. Dernier album solo de Wu que RZA a produit dans son intégralité, les instrus sont empreintes d’âme et d’intimité, offrant un cadre parfait pour les textes émotionnels et honnêtes de Ghost qui brossent un portrait intime du plus énigmatique du Clan.
6. Mobb Deep – Hell on Earth
Un an seulement après leur classique absolu, The Infamous, Mobb Deep revient avec un album à la fois plus mature et plus violent. Plus cinématographique que son prédécesseur, Hell on Earth permet à Mobb Deep de faire ce qu’il fait de mieux, mais en mieux. Havoc a créé une sonorité obsédante, en plaçant des pianos et des cordes sur des instrus profondes, tandis que Prodigy est resté l’un des meilleurs rappeurs en vie avec ses raps vifs, son couplet sur « Nighttime Vultures » méritant à lui seul d’être étudié. Bien qu’ils n’aient pas cité de noms, ils étaient également l’un des rares à s’en prendre à Tupac sur le cinglant « Drop a Gem on ‘Em ». The Infamous est l’album qui a retenu le plus l’attention, mais Hell on Earth n’est pas loin derrière.
5. The Roots – Illadelph Halflife
La troisième fois est la bonne pour The Roots. Après avoir peaufiné leur sonorité et leur approche sur deux albums et d’innombrables concerts, le troisième album du groupe, Illadelph Halflife, est arrivé au bon moment. Leur instrumentation live était un changement rafraîchissant par rapport aux fonds lourds de samples qui étaient omniprésents dans le hip-hop et Black Thought était l’antithèse des personnages plus grands que nature qui dominaient le genre, un sujet qui est exploré sur « Clones », « What They Do » et d’autres morceaux. Mais l’album est bien plus que des raps sur le rap. Tant dans la musique que dans les paroles, il est clair que les Roots ont franchit les limites de leur quartier. Les paroles avaient un sens universel et parlaient de problèmes plus importants que ceux de leur propre ville ou même de leur propre pays, et les sons étaient des combinaisons de nombreux styles et de vibrations, deux sous-produits de la tournée quasi ininterrompue du groupe autour du globe. Après leur retour au pays, Questlove, Thought et les autres ont porté le hip-hop à un niveau jamais atteint auparavant.
4. Outkast – ATLiens
Outkast s’est présenté sur Southernplayalisticadillacmuzik, mais ce n’est que lors de leur deuxième tentative que Big Boi et André 3000 ont montré au monde qui ils étaient vraiment. ATLiens est un titre parfait car il résume leur identité et leur musique: un couple d’outsiders venus du cosmos à Atlanta pour relayer l’optimisme face au désespoir. Ils ont fourni des raps denses dans des flows complexes qui contenaient des textes sages mais toujours légers sur les instrus atmosphériques luxuriantes d’Organized Noize. La combinaison est mortelle car Outkast libère des paroles qui font réfléchir sur des décors spatiaux futuristes qui font hocher la tête. Que ce soit sur le morceau d’ouverture « Two Dope Boyz (In a Cadillac) », sur le morceau décontracté « Elevators (Me & You) », sur le morceau éponyme au beat effréné ou sur le morceau introspectif « 13th Floor/Growing Old », il n’y a pas de superflu ni de points faibles. Ils ralentissent et accélèrent, mais ce qu’ils ne sont pas capables de faire, c’est de se relâcher. Le résultat final est proche de la perfection.
3. Jay-Z – Reasonable Doubt
Il est difficile de s’en souvenir aujourd’hui, mais il fut un temps où Jay-Z ne pouvait même pas obtenir un contrat de disque. Sans se décourager, il a créé avec deux partenaires son propre label, Roc-A-Fella Records, et a sorti lui-même son premier album. Présenté comme l’autobiographie d’un vétéran réfléchi de la rue racontant ses triomphes tout en luttant contre ses démons, Reasonable Doubt est un album qui s’est amélioré avec le temps. À la première écoute, on pourrait croire qu’il s’agit d’un énième ensemble de chansons faisant l’apologie du mode de vie criminel, mais il est beaucoup plus complexe que cela. Il est présenté à travers des jeux de mots incroyables, un langage codé et des concepts nouveaux, mais avec un sentiment de lassitude qui est présent tout au long de l’album. Jay est plein d’arrogance, toujours calme et froid, racontant son histoire facilement. Bien qu’il se vante de ses richesses et aspire à bien plus, il reconnaît qu’il s’agit également d’une existence insatisfaite qui laisse un sentiment de culpabilité et des regrets. En bref, il condamne la vie qu’il mène en même temps qu’il la glorifie: le triomphant « Feelin’ It » contrebalancé par le mélancolique « Regrets ». C’est un voyage épique à travers les enfers. Comme Jay l’a dit lui-même, « Venez faire l’expérience de la vie telle que nous la connaissons ; telle que certains d’entre vous devraient la connaître. »
2. Tupac – All Eyez on Me
Après avoir été libéré sous caution par Suge Knight et avoir signé un contrat avec le célèbre label Death Row Records, Tupac entre immédiatement en studio et en sort un album monumental sur lequel il célèbre, selon ses propres termes, « le fait d’être en vie ». Une affaire ambitieuse et tentaculaire, le premier double disque de l’histoire du hip-hop, All Eyez on Me est une épopée. Il ne s’agit plus de dire la vérité face au pouvoir comme sur 2Pacalypse Now ou d’être obsédé par sa propre mortalité comme sur Me Against the World, ‘Pac est sorti de prison et a immédiatement embrassé la vie de gangster dans toute son ampleur, et cet album en est le reflet, des singles massifs aux collaborations de haut niveau en passant par les paroles brutes et l’intensité émotionnelle de chaque morceau. Il y a plusieurs chansons qui auraient dû être écartées du montage final et certainement trop d’invités, notamment sur le deuxième disque, mais l’impact et la puissance de cet album sont indéniables. C’est pourquoi il est l’un des albums de hip-hop les plus vendus de l’histoire. Tupac a jeté le gant et a fait en sorte que tout le monde le remarque.
1. Nas – It Was Written
It Was Written a été un tournant. Il a fait passer Nas de la rue aux charts. Plus de deux décennies plus tard, Illmatic est salué comme un chef-d’œuvre, l’apogée du genre, sujet de rétrospectives et de documentaires, mais cela n’a pas toujours été le cas. D’une certaine manière, il était en fait considéré comme un échec. Après l’échec d’Illmatic, qui a été négligé au profit de Ready to Die et d’autres albums plus grand public, Nas a changé de stratégie. Alors qu’il prévoyait à l’origine de faire un album entièrement produit par Marley Marl (à quoi cela aurait-il ressemblé?), il s’associe finalement à Steve Stoute et Trackmasters et commence à élaborer ses contes de rue sur une production plus soignée qui résonne au-delà des cinq arrondissements. Le produit final est un album à succès qui a débuté en tête du Billboard 200, s’est vendu à plus de quatre millions d’exemplaires et a fait connaître l’ancien Nasty Nas à une nation de fans de pop avec les tubes « If I Ruled the World » et « Street Dreams ». Et en même temps, il a commencé à aliéner ses inconditionnels qui aimaient le côté sinistre de ses débuts. Mais le temps a été clément avec le deuxième album de Nas et, avec le recul, on ne peut nier la grandeur de morceaux comme « The Message », « Take It in Blood », « I Gave You Power » et l’introduction de The Firm sur « Affirmative Action ». Ce n’est peut-être pas Illmatic, mais It Was Written a vieilli avec grâce et montre une certaine maturité par rapport à son prédécesseur avec des storytellings encore plus passionnant et à couper le souffle.
Mentions spéciales
Evidemment, qui dit « 20 albums » dit qu’il y a des oubliés qui auraient eu leur place dans un classement des meilleurs skeuds si ils étaient sortis une autre année:
Jeru The Damaja – Wrath of the Math, Bahamadia – Kollage, Busta Rhymes – The Coming, Xzibit – At the Speed of Life, Foxy Brown – Ill Na Na, Crucial Conflict – The Final Tic, Lost Boyz – Legal Drug Money, Eminem – Infinite, Originoo Gunn Clappaz – Da Storm, Shyheim – The Lost Generation, Chino XL – Here To Save You All.