To Live And Die In L.A., l’hymne de Tupac à Los Angeles

‘To Live and Die in L.A’ est sorti en 1996 et est tiré de l’album The Don Killuminati: The 7 Day Theory. Ce morceau est une ode à Los Angeles où Tupac explique les raisons de la loyauté qu’il porte à cette ville où il fait bon vivre et mourir.

https://www.youtube.com/watch?v=Wz2wVLyTar4

À Los Angeles, chaque afro-américain pourchasse l’argent afin de pouvoir s’émanciper financièrement. Toutefois, en raison du grand nombre d’habitants en détresse, cette bousculade quotidienne pour l’argent implique ainsi une rivalité co-citoyenne :




Vivre et mourir à L.A.
Où chaque jour nous essayons de nous remplir les poches
Les négros se bousculent pour avoir de l’argent, donc c’est difficile de s’en faire
Tout le monde fait son propre truc pour la chasse au fric

De part cette adversité, de nombreux hommes décèdent lors de cette course à l’argent, situation malheureusement trop banalisée. La misère qui touche les habitants du quartier engendre un sentiment de désagrément où les individus s’entretuent afin de dépouiller son prochain, pour atteindre au plus proche leurs rêves brisés :

J’ai versé des larmes alors que nous enterrons des négros près de notre cœur
Celui qui était un ami, est maintenant un fantôme dans l’obscurité
Un négro s’est fait fumer de sang froid par un drogué
Essayant de se pavaner avec ce qu’il avait, aveuglé par le rêve d’un homme brisé
Une dure leçon

Tupac est jugé d’un crime où il lui est impossible de négocier la durée de sa peine de part les chefs d’accusations trop conséquents à son égard. De plus, sa condition de jeune afro-américain attaquant le gouvernement et les autorités via son rap ne joue pas en sa faveur. Il a effectivement été jugé coupable de viol par sodomie et purgera neuf mois fermes d’emprisonnement :

Les affaires judiciaires me laissent perplexe
La négociation de peine n’est pas une option maintenant, alors je stresse
Ça m’a coûté plus cher d’être libre qu’une vie en prison

Los Angeles est réputée tout autant pour son folklore que pour ses activités criminelles. À l’affût d’une nouvelle infraction, la police surveille tout le quartier. Tupac fait également allusion à une loi promulguée en Californie qui condamne chaque citoyen ayant commis plus de trois délits (three strikes) à une peine de prison de 25 ans minimum et allant jusqu’à la perpétuité :

C’est la ville des anges et du danger constant
Plein de drames sur le trottoir comme un feuilleton
En regardant les hélicoptères de police survolant le ghetto, j’observe
Tant de négros qui ont commis trois infractions, jetés en prison

Tupac fraîchement libéré de prison, reste en contact avec ses anciens co-détenus. Enfermés depuis de longues années, ils imaginent la Californie comme un havre où sexe et soirées arrosées sont mis à l’honneur, or Tupac prévient que cela ne se passe pas toujours comme ce qui est visible à la télévision. Les individus s’entretuent lors de règlement de compte, laissant régner une atmosphère hostile et attentatoire auprès de leur propre communauté. Le code vestimentaire est également primordial à Los Angeles, car si un étranger porte la mauvaise couleur cette erreur pourrait lui être fatale auprès des gangs des Bloods (rouge) et des Crips (bleu) :

J’écris à mes gars lorsqu’ils me demandent des photos
Ils pensent que la Californie c’est juste du plaisir et des sal*pes
Tu ferais mieux de connaître le code vestimentaire, les B(lood) et les C(rips)
J’aime Cali comme j’aime les femmes
Parce que tous les négros de L.A. ont un peu de thug en eux
Nous pourrions nous battre entre nous
Mais je te promets qu’on fera tout cramer si tu nous énerves

Considéré comme un état cosmopolite, la Californie rassemble toutes les minorités délaissées par les États-Unis, bien que certains politiciens comme Pete Wilson souhaitent engrener la pauvreté des quartiers plutôt que de résoudre ces inégalités. ‘Pac fait également référence dans cet extrait aux fêtes underground aux tonalités disco et hip-hop des années 1980, diffusées également sur les pistes radio KDAY:

Il n’y aurait pas de L.A. sans les Mexicains
L’amour des noirs, la fierté des métisses et les gangs
Pete Wilson essaie de nous voir tous fauchés
Je suis sur un sale coup pour tout ce qu’ils nous doivent
Vous vous souvenez de KDAY ? Les week-ends, Crenshaw, MLK ?
Les automates sonnaient librement, les négros devenaient dingues
Des signes de gangs se manifestaient, négro, aime ton quartier
Mais rends hommage et tout ira bien






‘Live and Die in LA’ est un hymne à la Californie où Tupac décrit l’ambiance tout autant festive que dangereuse de cet État. QDIII, le producteur du morceau, confiera lors d’une interview : « J’étais en studio avec ‘Pac, j’avais quelques instrus avec moi, et il y avait cette vieille chanson que je lui ai jouée pour voir si l’ambiance lui plaisait. Il l’a kiffée et m’a dit de rentrer à la maison et de balancer un beat comme ça. Je suis rentré chez moi et je l’ai sortie aussi vite que j’ai pu, et je pense que je suis revenu le même soir et il a écouté le morceau trois fois, et en 15 minutes environ, il avait déjà fini d’écrire les paroles. Il est entré dans le studio sans dire à personne de quoi parlait le morceau et a enregistré chaque couplet en une prise.

 

De quoi ça parle? est la section d’Adramatic Hip-Hop dans laquelle vous retrouverez quotidiennement une analyse textuelle détaillée d’un son ainsi que la traduction de ses passages clés afin d’en extraire l’histoire qu’il raconte.

Jeanne N
Jeanne N
Passionnée de la culture hip-hop depuis des années, je suis une grande fan de gangsta rap notamment N.W.A, Ice-T, 2Pac ainsi que d’artistes new-yorkais tels que Notorious B.I.G, Mobb Deep, Nas ou encore Public Enemy.