Straight Outta Cashville, la consécration de Young Buck

Chronique de l’album Straight Outta Cashville de Young Buck.

Dans la foulée de 50 Cent et de Lloyd Banks, la pression était sur Buck pour maintenir le cap tant en termes de ventes que d’approbation par les fans avec la sortie de son album Straight Outta Cashville en 2004. Mission largement accomplie.

Les rappeurs n’ont pas souvent de seconde chance. S’ils sont talentueux et ont l’opportunité de se faire signer, l’argent, la richesse et les diamants sont loin d’être garantis. En 1997, lorsque Young Buck, alors âgé de dix-sept ans, a signé avec le très prometteur label Cash Money Records, c’était l’occasion pour lui de se faire un nom au delà des salles et des quartiers de Nashville. Mais le label était occupé par Juvenile, Baby, B.G. et Lil Wayne, et la carrière de Buck a été mise en stand-by pendant que le mouvement bling bling s’étendait des ghettos de la Nouvelle-Orléans à la banlieue blanche. Mais au lieu de s’effacer dans l’obscurité, Buck a rencontré 50 Cent et a échangé sa chaine de Cash Money contre un médaillon du Gorilla Unit, qui en plus, tournait.

 

La pression G-Unit

Deux mois seulement ont séparé son album de celui de son collègue du G-Unit, Lloyd Banks, ce qui implique inévitablement une comparaison. Alors, débarrassons-nous immédiatement de ce problème: Banks est un MC plus accompli, mais la sélection supérieure des beats de Buck et sa capacité à élever ses paroles au-dessus des instrus font de Straight Outta Cashville une sortie qui vaut largement celle de Banks.

Contrairement aux précédents albums du G-Unit et à la surprise générale, Buck n’utilise aucune production interne. Il a pratiquement fait appel qu’à des producteurs du Dirty South.


L’album entier peut vraiment être résumé avec la première chanson: « I’m A Soldier »; un beat efficace mais peu spectaculaire, un refrain accrocheur et violent, et des images de ghetto crachées par Buck, le tout accompagné de quelques menaces. Dans le même style, « Black Gloves » fonctionne bien, tout comme le controversé « Stomp » avec Ludacris qui renegade Buck et Game tout en clashant T.I. « Walk With Me » est sympa, et dévoile un Stat Quo très prometteur.

 

Les singles

Le single « Let Me In » a propulsé l’album lors des premières semaines, mais c’est le titre de Lil’ John « Shorty Wanna Ride » qui amènera l’album au niveau du Disque de Platine. Lil’ John fait ce qu’il fait le mieux, c’est-à-dire faire en sorte que les femelles se baissent comme Vivica et que les mâles envoient des coups de poings comme Luda. « Welcome to South » fera bouillonner les rues et a ajouté de l’huile sur le feu entre T.I. et Lil’ Flip pour savoir qui était le meilleur rappeur dans le South après le roi Scarface.

Mais il y a aussi deux bijoux sur cet opus: l’époustouflant « Thou Shall » qui rien qu’avec l’instru et le sample en fait l’une des meilleures chansons du skeud. Et bien évidemment, « Bang Bang » où le producteur Needlz sample la chanson de Nancy Sinatra, que RZA a brillamment composée pour « Kill Bill ». Buck y relate une fusillade: « Des fragments de cerveau provenant de l’explosion d’un fusil de chasse / Je vais prendre le souffle d’un n*gro / C’est la mort avant la tromperie, le trafic de drogue et le vol », tout en accusant le gouvernement de cette situation précaire: « C’est le gouvernement le trafiquant de drogue. »


À part un horrible couplet de Tony Yayo structuré autour de la chanson « These are Few of My Favorite Things », 50, Banks, David Banner, Ludacris et Lil Flip fournissent tous un contenu remarquable. Mais c’est Buck qui porte l’album, avec malheureusement une vitrine lyrique limitée sur trois thèmes de prédilection des rappeurs: blunts, s*lopes et flingues.

Les cyniques critiqueront Straight Outta Cashville comme un autre album typique du G-Unit, mais Buck est bien plus qu’un simple larbin de 50 Cent et a prouvé qu’il peut gérer un album à lui tout seul.

Yafar
Yafar
Inconditionnel de hip-hop old school "For every rhyme i write it's 25 to life"