Sans scrupule, Big L nous plonge au coeur de la vie des pauvres et dangereux

Lifestylez Ov Da Poor And Dangerous est tiré de l’album éponyme sorti en 1995. Dans ce morceau, Big L raconte avec précision la vie d’un jeune noir ayant grandi dans le ghetto. Il y détaille le quotidien des jeunes, à travers sa propre expérience, essayant de survivre dans les rues du quartier. Considéré comme un hymne, Lifestylez Ov Da Poor And Dangerous a permis à de nombreux auditeurs de s’identifier à lui.






Ici, Big L décrit les codes de son quartier, Harlem ainsi que la violence qui règne dans les rues :

Je m’appelle L, et je viens d’un quartier où il y’a des bouffons
Qui se font tabasser et tout ce que vous entendez sont des coups de feu
Sur la 139 et Lenox Ave. il y a un grand parc
Et si vous êtes soft, n’y allez pas lorsqu’il fait nuit
Parce que la nuit, les négros essaient de voler
Ils sont plus sournois que les chats de gouttière
C’est pourquoi je porte des flingues

La méfiance prédomine entre les habitants d’Harlem, Big L en est la preuve car il se présente comme une personne indigne de confiance. Prêt à tout pour parvenir à ses fins, il ne voit aucun inconvénient à voler les parts de son partenaire :

J’avais un complice nommé Chuck
Nous avons pris d’assaut la ville, en tirant énormément comme Frank Nitti
On a volé des gosses et on a partagé la part 50/50
Un jour, nous avons organisé une partie de dés sur l’avenue et nous avons partagé l’argent
Puis je l’ai tué et ai pris sa moitié
Parce que je ne pense qu’à gagner du fric et baiser
Une fois que t’en es là, tu n’as pas besoin d’amis

Dans cet extrait, il raconte la manière dont il commet des agressions ou des vols, et comment il réussi à semer la peur dans les rues d’Harlem. Ses cibles sont régulièrement des individus sans défense et dévoile ainsi sa fourberie et sa sournoiserie :

J’avais l’habitude d’attendre qu’il fasse nuit
Et de dire à un négro de se déshabiller, je veux voir des taches de naissance
Comme un ninja, vêtu de noir avec une cagoule
Je prends tout l’argent, puis je dévale la rue
J’ai agressé un négro nommé Eugène, j’ai pris sa bague toute neuve
Parce que le vol est une routine quotidienne
Une fois, je me suis baladé en voiture
J’ai vu ce négro nommé Clyde
Et l’ai surpris dans son angle mort
Je lui ai dit : « Laisse tomber le fric avant de te faire fumer
Oh tu es fauché ? (coups de feu)
Maintenant, tu es fauché à mort ».

Il avoue être un malfaiteur, mais justifie ce caractère par la détresse humaine et financière dans laquelle il vit, il serait ainsi capable de tous les vices pour recevoir un dollar de plus :

Le Big L était un insensible
Un escroc de premier plan volant les livres de poche des vieilles dames
Je m’en fiche, je ferais n’importe quoi pour un dollar
Il a conscience que certaines personnes désapprouvent son attitude, mais lui seul sait pourquoi il le fait. Sans pitié, c’est le code à suivre si on souhaite survivre dans le ghetto.
Certains disent que je suis impitoyable, d’autres que je suis sinistre
Une fois, un cambrioleur est entré par effraction dans ma maison et c’est moi qui l’ai dépouille






Âgé de seulement 20 ans à l’époque où le morceau est sorti, Big L incarne l’insolence d’une jeunesse en détresse et déjà endurcie par la vie de quartier. Son quotidien vacille entre vol, règlement de compte, et violence extrême. L’album a été jugé comme emblématique par ses compères et les personnes du ghetto mais fût un flop médiatique, considéré comme beaucoup trop underground.

 

De quoi ça parle? est la nouvelle section d’Adramatic Hip-Hop dans laquelle vous retrouverez quotidiennement une analyse textuelle détaillée d’un son ainsi que la traduction de ses passages clés afin d’en extraire l’histoire qu’il raconte.

Jeanne N
Jeanne N
Passionnée de la culture hip-hop depuis des années, je suis une grande fan de gangsta rap notamment N.W.A, Ice-T, 2Pac ainsi que d’artistes new-yorkais tels que Notorious B.I.G, Mobb Deep, Nas ou encore Public Enemy.