B-Real raconte la fois où il s’est fait tirer dessus à 17 ans alors qu’il faisait partie d’un gang affilié aux Bloods. Tout a commencé lorsqu’ils sont allés trainer avec un autre gang:
« On était un groupe de potes de mon gang, on trainait avec des gars d’un autre gang qu’on connaissait donc on savait qu’on risquait rien. On est allé faire la fête avec eux et quelqu’un a demandé où était la weed et un gars a dit qu’il en avait chez lui à deux quartiers de là. »
« Et on se dit allons-y, parce qu’on ne voulait pas le laisser traverser le quartier à lui tout seul parce qu’ils partageaient le quartier avec un gang rival. Et normalement l’un de nous a un flingue au cas où mais ce jour là on a oublié d’en prendre un. Et alors qu’on arrive au coin de la rue une voiture remplie de gars avec des casquettes bleues nous voient vêtus de rouge. »
A ce moment là, les esprits des deux gangs rivaux s’échauffent:
« Et tu sais bien, on commence à s’échanger des mots, et avant que tu t’en rendes compte, un des gars sort un flingue et il commence à tirer, il touche un de mes potes qui s’enfuit donc il tourne le flingue vers moi, je cours pour me mettre à l’abri derrière un mur, il tire quatre fois, le dernier tir ricoche sur le mur et vient se planter dans mon dos sur le coté gauche, me perce mon poumon. C’étaient des balles à pointes creuses donc un fragment s’est retrouvé au dessus de mon coeur, un autre vers la moelle épinière et un autre quelque part ici (il montre mais la vidéo est zoomée donc on ne voit pas où). »
« J’ai eu beaucoup de chance mais ça a percé mon poumon donc je suis tombé, genre après avoir été touché j’ai du faire 5 ou 10 pas avant que l’un de mes poumons s’affaisse et mes potes m’ont trouvé. Ils ne savaient pas si j’étais mort ou pas mais ils m’ont ramassé, m’ont mis dans une Cadillac et m’ont amené à l’hôpital Killer King. »
Un hôpital à la triste réputation:
« J’avais plus peur d’être à Killer King que ce qui m’est arrivé parce que les rumeurs de ce qui s’y passait – qui est l’hôpital Martin Luther King à Linwood – les histoires que t’entendais de là bas, genre si t’y allais pour un petit truc tu pouvais ne pas en revenir. C’était plus dans mon esprit que le fait de m’être fait tirer dessus. La salle des urgences était remplie de blessés par balles et j’étais le plus jeune, je devais avoir 16-17 ans et il y avait tous ces adultes et certains étaient des gangsters et d’autres non, ils étaient tous là pour des grosses blessures par balles. »
Les blessures de B-Real n’étaient pas directement dangereuses pour sa vie:
« Heureusement, les endroits où se sont logés les fragments de balles ne m’ont pas affecté, hormis mon poumon percé. Ils m’ont dit qu’ils ne voulaient pas opérer parce qu’il y avait quelques trucs qui pouvaient se produire: un fragment était trop proche du coeur et ça aurait pu produire un arrêt cardiaque si ils essayaient de me l’enlever, un autre était trop proche de ma moelle épinière donc ça aurait pu me paralyser, donc les deux fragments qu’ils ne voulaient pas toucher auraient pu changer toute ma vie. Donc je leur ai demandé ce qu’il se passerait si je les laissais là et ils m’ont dit que j’allais ressentir une démangeaison mais que du tissu allait grandir autour et que ça allait aller. Quand il fait très froid ça me fait mal au nerf endommagé, comme si des petites aiguilles me piquaient. Mais j’ai dû passer deux semaines là bas pour que mon poumon se rétablisse, j’ai dû souffler dans ce truc qu’ils te donnent pour rétablir mes poumons à 100%. »
Les Bloods et Crips se battaient dans l’hôpital même:
« Donc j’étais là pour deux semaines et mec, les trucs de gangsters qui se passaient à l’hôpital c’était dingue, il y avait des gens qui se battaient dans l’hôpital, des Bloods et Crips. Tu sais ils pensaient que j’étais un membre d’un gang mexicain, ils ne savaient pas que j’étais Damu donc quand j’étais en chaise roulante aucun Crips ne venait s’en prendre à moi mais ils voyaient d’autres gars dont ils étaient sûrs qu’ils étaient Bloods et ils se fonçaient les uns sur les autres en chaises roulantes pendant que les infirmières les poussaient pour les amener se faire soigner. »
« Et puis tu sais des gens venaient rendre visite à leurs potes et il y avait des Bloods, des Crips et des mexicains et leurs familles et amis venaient. Cet hôpital était un vrai aimant à gangsters, je suis surpris qu’il n’y ait pas eu plus de fusillades et de meurtres dans la salle d’attente ou dans le parking. »
Il décrit ensuite l’atmosphère dans le ghetto à cette période là:
« J’ai été impliqué dans plusieurs de fusillades mais c’était la seule fois où j’ai été touché. Quand tu choisis ce style de vie il y a des trucs qui vont se passer, tu seras d’un coté ou de l’autre du flingue, et quand t’es un gangster tu seras des deux cotés du flingue. Entre la moitié des années 80 et le début des 90, il y avait tout le temps des fusillades, tu ne pouvais pas tourner le dos à la rue, genre si t’étais dans ton quartier, la pire chose que tu pouvais faire était d’avoir ton dos face à la rue parce qu’à n’importe quel moment quelqu’un pouvait arriver et t’abattre. »
B-Real termine en disant qu’il n’a jamais su qui lui avait tiré dessus:
« Je n’ai jamais su qui m’a tiré dessus parce qu’il y a tellement de gangs qui entouraient cet endroit, genre peut-être cinq ou six clans qui partageaient ce territoire donc c’était impossible de savoir, sauf si ils avaient revendiqué de quel gang ils étaient en me tirant dessus mais ils ont juste dit « F*ck you Blood » donc on ne savait pas qui c’était. C’était juste une situation où on était Bloods, ils étaient Crips, ils étaient armés, on ne l’était pas. »