Les coulisses de Below The Heavens de Blu & Exile

Le classique totalement inattendu du duo magique formé par le rappeur Blu et le producteur Exile fête (déjà) son 13ème anniversaire. Découvrez les coulisses de cet album hors normes.

 

Le titre de l’album

 

Blu: Je suis arrivé avec le concept de Below The Heavens quand j’étais au lycée. J’étais en seconde et j’avais rencontré un très bon MC dont le nom était Sixth Sense. En fait, je ne l’avais même pas rencontré; c’était son petit frère qui venait à l’école pour me faire écouter son rap; c’était le rap le plus incroyable. Et je faisais genre: ‘Mec, je dois penser à quelque chose de ce niveau là’. Et j’ai pensé à Below The Heavens. Et, 7 ans plus tard ça a vu le jour. J’ai toujours su que ça allait être le titre de mon premier album.

 

La rencontre avec Exile

 

Blu: J’ai rencontré Exile par Aloe Blacc, et j’ai rencontré Aloe Blacc par Science Project; Aloe enregistrait avec Science Project; j’enregistrai avec Science Project et Aloe disait: ‘Yo, tu dois absolument rencontrer ce gars Exile.’ Exile bossait avec Slum Village à ce moment là. Et ensuite Exile est venu à un concert,  à l’époque où je dirigeais des shows à Hollywood, j’aidais à organiser des événements et des trucs comme ça. Je concluais la soirée avec un petit set. Exile et moi avons commencé à travaillé ensemble à partir de ce moment. Il disait: ‘Yo, j’ai besoin d’une chanson pour mon album si ça ne te dérange pas.’ Il bossait sur l’album Dirty Science. On a fait un truc. J’ai oublié quelle chanson c’était, mais sur la route, il a commencé à faire écouter des beats de malade. Je me disais ‘C’est vraiment en train de se passer? Suis-je assis dans la voiture avec le producteur le plus dingue que j’ai jamais entendu?’ J’ai commencé à réciter des raps dans ma tête, et on a enregistré trois chansons. Exile m’a dit: ‘Mec, on doit faire un album’. Donc l’alchimie a pris en studio. Et lorsqu’on s’est retrouvé en studio, on n’a pas arrêter d’enregistrer pendant un moment. On a enregistré 75 chansons pour Below The Heavens.

 

My World Is…

 

Blu: My World Is a été la dernière chanson enregistrée pour l’album. Exile et moi allions périodiquement chez Mainframe pour enregistrer. C’est lui qui nous avait signé sur Sound In Color. C’était un des premiers dirigeants du label. On allait chez lui au lieu d’aller aux studios Sound In Color. Donc a trouvé le son de The Dells chez Exile et on l’a amené chez Mainframe pour qu’il le coupe. Mais on a paumé le son chez Mainframe et on ne l’a pas trouvé pendant je ne sais pas combien de temps. Donc pendant qu’on enregistrait l’album, on allait dans des magasins de cd pour essayer de trouver cet album de The Dells. On n’arrivait pas à le trouver. Aucun magasins ne l’avait. Donc on a été obligé de le sampler d’un CD. C’est probablement mon plus grand regret de l’album. C’était le seul sample qui ne provenait pas d’un vinyle. Même pas une semaine après qu’on ait fait la chanson, trois copies du putains de vinyles ont fait surface. J’ai genre 4 copies de cet album de Dells maintenant.

 

Exile: Je me rappel que Blu essayait de me pousser à sampler le son utilisé pour The World Is et je n’en avais pas envie, mais au final je l’ai fait et on est allé en studio pour enregistrer le couplet. Quand il l’a rappé on savait que ce serait la chanson qui commencerait l’album. Quand on a fait la première prise et qu’il a enregistré le premier couplet avec la ligne ‘I flow conscious rep the Koochie Monstas’ j’étais genre ‘Nah, rap le différement, comme ça’. A ce moment la Blu était beaucoup plus ouvert à essayer des idées en studio. Mais le plus drole c’est que quand j’écoute la chanson maintenant je préfère la première façon qu’il a rappé cette ligne. Chaque fois que je l’écoute je me dis ‘Pourquoi je lui ai demandé de faire ça?’

 

The Narrow Path

 

Blu: Nous avions beaucoup de mélodies. Avant Below The Heavens, j’avais quelques albums undergrounds qui ne sont jamais sorti et je devais chanter lors des refrains. Avant j’écrivais pour des chanteurs avec lesquels j’allais collaborer. Arriver avec un refrain était la partie fun de la chanson. Le couplet était le travail. Parce que les négros étaient des bêtes à ce moment la. J’avais écrit The Narrow Path pendant que j’écoutais Elzhi. Donc j’ai écrit toute cette chanson en écoutait une de ses chansons. Et je disais ‘Ex, j’ai les couplets’. Et il me disait: ‘Laisse moi faire un beat’. Et il a découpé le sample de The Narrow Path. C’était tellement cru. Ca allait parfaitement avec cette humeur. J’étais dans une période où j’écrivais beaucoup sur la rue. The Narrow Path était le premier single. J’ai toujours senti que l’honnêteté était ma meilleur politique, donc je ne me ferai jamais passer pour quelqu’un d’autre. Donc chaque fois que je prends un stylo et commence à écrire, je suis une personne ouverte. Après avoir entendu le son, beaucoup de gens ont dit: ‘Mince. C’était une chanson vraiment personnelle. Tu as certaines chansons tristes.’ Mais pour moi, c’est soit me décharger ou m’exprimer ou laisser quelqu’un savoir quelque chose qui peut l’aider dans le futur. The Narrow Path était biensur personnelle, mais c’était surtout la meilleure présentation pour moi.

 

Exile: Narrow Path était le premier vinyle qu’on a sorti sur Sound In Color. A ce moment la c’était juste intitulé Blu, pas Blu & Exile. C’était la chanson que Blu allait faire en live lorsque Aloe Blacc et moi faisions notre tournée d’Emanon. J’adorais lorsque ce moment du concert arrivait. Blu montait sur scène en ayant tellement faim et allait cracher ses lyrics crues et le public se demandait toujours: ‘Qui est ce nouveau gars qui déchire tout?’. C’était la façon parfaite pour commencer à le connaitre tout doucement.

 

So(ul) Amazin’ (Steel Blazin’)

 

Blu: J’ai écrit So(ul) Amazin’ sur un beat de Dilla qui n’était pas un beat de Dilla. A ce moment la Dilla enregistrait avec Operation – avec Mainframe sous OX, et il lachait des cd de beats. Et j’enregistrais avec Sound In Color à ce moment la, donc j’ai dit ‘Yo mec, c’est possible qu’on bosse ensemble?’ Dilla disait: ‘Mec, j’ai énormément de beats’. Donc Mainframe a arrangé le truc. Et j’écoutais le disque et j’ai choisis quelques chansons. On a fait quelques chansons de démo, mais une des chansons principales était la chanson Soul Provider. Donc on a fait écouter quelques chansons à Dilla. Il disait: ‘J’aime celle la, j’aime celle la.’ Soul Provider arrive et il dit ‘Je n’ai pas fait ce beat’. Je me disais ‘Mince c’est bizarre parce que toutes les chansons sur le cd avait la qualité de cassette’. Et quatre chansons à la fin étaient très propre, donc j’ai pris les propres. Et Dilla disait: ‘Nah mec. Celle la n’est pas de moi, mais le reste, si tu veux rapper dessus, tu peux.’ Donc je suis retourné chez Exile et lui ai dit que ce n’était pas un beat de Dilla. Ex a répondu ‘T’inquiètes, j’aime cette chanson. Je serais honoré de la remixer.’ Il y a trois versions de la chanson. Il y a Soul Provider, la fausse version de Dilla, ensuite il y a Soul Provider (remix) où j’ai fait des nouveaux couplets mais on l’a appelé Soul Provider (Original) et c’est sur un b-side que Kardinal Offishall a fait avec Exile. Donc on a utilisé les couplets de la fausse Dilla et on a remixé le remix. C’est comme ca que So(ul) Amazin s’est faite. So(ul) Amazin était le Steel Blazin Soul Provider (remix). C’est ma chanson préférée de l’album. Et c’était notre première vidéo. C’était un gros son pour nous. On se disait: ‘Cool, c’est le son qu’on ressent tous les deux, et c’est ça qu’on veut faire ensemble. Chaque fois qu’on se voyait on savait que ça allait être une de ces chansons qui allait faire l’album. Au contraire des 70 autres chansons qu’on a fait. So(ul) Amazin’ avait incontestablement sa place sur l’album.

 

Exile: Blu a enregistré cette chanson sur ce qu’on pensait être un beat de J Dilla, mais ensuite quand Blu l’a fait écouter à Dilla il se disait ‘Merde, je déteste quand ça se produit’. C’était un producteur anonyme qui l’a mise sur une tape de Dilla pour faire genre que ses beats étaient ceux de Dilla, je pense que ça s’est beaucoup produit avec Dilla. Plus tard on a utilisé les lyrics sur mon instru qu’on a utilisé pour l’album et ça s’est parfaitement marié. Les scratches que j’ai posé sur cette chanson sont pour moi mon meilleur travail de scratch sur un refrain. La fin est classique, de la façon dont j’ai scratché le sample d’MOP disant ‘It’s so amazing!’ La façon dont j’ai utilisé le ‘zin’ à la fin de la ligne pour recréer le ‘zin, zin, zin, zin, zin, zi, zi, zi, zi, zi, zen’ d’Africa Bambatas comme ils l’ont fait sur le classique de Planet Rock.

 

Juicen Dranks

 

Blu: J’ai rencontré Ta’Raach en tournée avec Aloe Blacc. Et Ta’Raach ne me connaissait pas. J’étais le hypeman pour Aloe sur la tournée. Et je disais: ‘Yo, je viens d’entendre des trucs mecs. T’as des trucs de malade’. J’avais écouté The Lacks. Et il disait: ‘Aw mec, t’as rien écouté la’. Il commencait tout juste à enregistrer sous son nouveau alias Ta’Raach à ce moment la. Il avait sorti un excellent album, Relacks The World. Il avait des cassettes aussi. Je suis allé à San Francisco et trois gars avaient sa cassette. Et Ta’Raach disait: ‘Oh merde, je n’ai jamais vu cette cassette de ma vie’. Mais ouais, Raach m’a fait écouter quelques instrus et je lui disais qu’on devait faire un truc ensemble. Dès qu’on a eu fini la tournée, on a fait l’album C.R.A.C. en une semaine. On était en studio une semaine et on a fait un EP juste pour nous et ensuite quelques années plus tard, pour la sortie officielle de The Piece Talks LP on a rajouté quelques chansons.

Je m’étais toujours dis que je devais avoir Raach sur l’album. On avait quelques idées, mais Juicen Dranks était le son qui se rapprochait le plus de ce qu’Exile et moi faisions. Je veux dire Raach et moi pouvons refaire un son comme Buy Me Lunch. Tu mets ça sur Below The Heavens les gars se diront: ‘Mais c’est quoi ce truc?’ Donc on voulait quelque chose cru qui mélangeait ce feeling de Detroit et de Cali. Et je pensais que Juicen Dranks était ce son.

 

Exile: Ca allait être utilisé pour l’album Dirty Science, mais j’ai fini par prendre le son Move On Em avec Ta’Raach à la place. Mais ensuite Blu voulait être sur le son et l’utiliser sur cet album et ça a produit un très bon résultat.

 

In Remembrance Of Me

 

Blu: J’avais des souvenirs d’enfances que je trouvais géniaux. Je n’ai pas grandi. J’ai voulu me rappeler. C’est une chanson que j’ai pris du plaisir à écrire. J’ai beaucoup de bons feelings de mon passé. Beaucoup de bons événements qui se sont déroulés dans ma vie qui peuvent aider les gens à définir qui je suis. C’était franchement une vraie chanson personnelle mec. Ce négro Exile disait ‘T’essayes de faire Memory Lane.’ Je répondais: ‘Je sais, mais ne le dis à personne, sois discret.’ La ligne qui parle d’avoir raté le dernier tir au championnat de basket… C’était le pire. Je n’ai pas pu entrer dans l’équipe. J’ai réessayé et à la fin de la saison, j’ai pu commencer. On a amené notre équipe jusqu’au championnat, qu’on a perdu d’un point. Au buzzer, c’est un gros truc qui m’est arrivé, donc je me suis dis ‘Je vais lacher ça sur cette chanson’ Ce truc m’a tué. Imagine. J’aurai eu un joli trophée en ce moment.

 

Exile: Blu avait enregistré cette chanson sans moi, dans la piaule de Mainframe à Long Beach dans les sessions finales de l’album. Quand il m’a fait écouter j’en suis tombé amoureux, et j’ai posé les scratch direct. Il avait 22 ans lorsqu’il a enregistré ça et le sample de Pete Rock et de CL a fonctionné parfaitement dans le refrain qui disait ’22 years ago to make exact’. Le temps passe vraiment vite; Blu avait seulement 19 ans lorsqu’on a enregistré notre première chanson. J’ai fait l’album Dirty Science, The Waiting Room d’Emanon et Below The Heavens pendant ces trois années.

 

Blu Collar Worker

 

Blu: C’était une époque difficile mec. J’étais tellement en studio; je détestais aller au studio et ensuite au club. Et ensuite les meufs font: ‘Qu’est-ce que tu foutais?’ ‘On était en studio pendant des heures’. Genre, on était  en studio pendant trois jours, et on venait de sortir. En soirée, essayant d’avoir une meuf. Et elle disait: ‘T’es qui? Où est ton travail? Où est ton…’ Et c’était le pire truc à expliquer que j’étais un rappeur à ce moment la; ça ne voulait rien dire sauf si t’étais sur Cash Money ou quelque chose dans le genre. Donc je me suis dis que j’allais faire cette chanson pour décrire ce sentiment. Parce qu’on sortait plein de fois et on voyait de très jolies meufs. Mais on était tellement à fond dans ce qu’on faisait. Quand tu vois une jolie meuf, tu sens que tu ne peux même pas t’approcher d’elle. Tu dois travailler sur ça mais on travaillait déjà dans la musique. Donc on essayait de faire en sorte que les meufs sachent ça. Et c’est de ça que parle Blu Collar Worker. On fumait, on se détendait. On était à Long Beach. Je faisais du vélo, je marchais…

 

Exile: C’était un beat que j’ai fait pendant que Blu était chez moi et le temps que je termine l’instru il avait déjà fini d’écrire le son. J’aime quand les chansons se mettent ensemble de cette manière. D’habitude ce sont celles la qui deviennent mes chansons préférées.

 

Dancing In The Rain

 

Blu: J’ai assemblé le morceau en même temps que Blu Colla Workers. La ligne où je raconte que mon pote disait ‘Ne me dis pas de connerie comme ça. Les négros grateraient des putains de pennies en essayant d’avoir des chips pour manger et tout. Négro, t’essayes de me dire que tu ne peux pas écrire un putain de rap? Négro, tu ferais mieux d’aller couper des cheveux’. Mais ouais, Dancing In The Rain était juste une chanson de liberté. Juste être libre d’exprimer comment tu te sens, de vivre comme tu te sens. Assez libre pour danser sous la pluie. Les gens marchent sous la pluie en essayant de sortir de la pluie. Avec des parapluie, très habillé. Mais la pluie englouti la terre. C’est un sentiment magnifique mec, rien que de marcher sous la pluie. C’était probablement l’instru la plus ancienne de l’album. Et je pense que c’était aussi mon rap le plus vieux. J’ai écrit ce texte quand j’avais 19 ou quelque chose comme ça. Je veux dire, Dancing In The Rain allait être une interlude. On voulait la faire pour la faire. L’instru était vieille, les couplets étaient vieux, mais on l’a bien senti.

 

Exile: Ca a été enregistré quand Blu travaillait à la pharmacie à Long Beach, il avait pour habitude de prendre le bus et j’allais le chercher pour qu’on aille aux studios de Sound In Color. Il avait un ordinateur à l’endroit où il travaillait à la pharmacie et il dessinait et écrivait des textes toute la journée. Je pense que l’inspiration de cette chanson lui est venue de prendre le bus pour travailler et d’être coincé sous la pluie, pensant à sa vie et ses peines, mais en trouvant tout de même du bonheur dans tout ça.

 

First Things First

 

Blu: Miguel et moi avons probablement enregistré l’équivalent de deux albums à ce moment la. Donc pour First Things First nous étions à la maison en train d’enregistrer des chansons, on a fait celle ci un dimanche matin, on venait de se réveiller chez le pote et on a écrit ça. Au sujet de la nuit dernière au club. Et Miguel avait beaucoup de sons clubs à ce moment la. Donc je lui ai dit que je devais l’avoir sur l’album pour une chanson qui parlait de meufs. Ca s’est fait facilement.

 

Miguel: On venait de se réveiller et c’était un de ces samedi matin, temps couvert dehors. Blu disait qu’il voulait faire quelque chose avec cette instru. Et j’étais la, on était assis dans le salon, affalés, en train d’essayer d’arriver à faire quelque chose. Genre on était des gosses. Tu vois quand t’es gosse et tu colories et tout? Rien que de penser à cette époque la, je ne ferais plus jamais ça maintenant, mais on était littéralement des gosses, affalés sur le putain de tapis. On s’étalait sur le tapis, la musique n’étais pas à fond parce que Basic ne voulait pas que les voisins se plaignent. Donc il a du passer la musique à un volume raisonnable. Je me souviens que j’étais assis et que j’essayais d’avoir des idées pour le refrain et je me disais: ‘Ouais, je veux suivre le beat’. Mais ouais, on a travaillé sur cette chanson pendant ce matin là.

 

Exile: Avec cette chanson on se disait que c’était notre premier hit radio mais qu’on allait pas se vendre comme ça. On était excité pour cette chanson parce qu’on sentait qu’on avait un son pour les meufs, mais Blu était encore capable de dire la vérité au sujet de notre façon de faire la fête en étant fauché. Mais c’est sorti de la frais pour les clubs. Je me rappel que j’avais amené ce son à quelqu’un qui aidait pour l’album à Sound In Color et je lui disais: ‘Yo, on a un hit’. Et le gars a dit: ‘Attends, écoute ça. Ca c’est un hit’. Et il a fait écouter la production de Dilla de Steve Spacek intitulée Dollar. C’est une chanson classique qui est sortie sur Sound In Color mais ça m’a juste montrer que ce gars en avait rien à foutre de Blu & Exile. Tu vois, ce gars ne nous a pas signé sur le label; quelqu’un d’autre l’a fait donc on sentait qu’il mettait l’artiste qu’il avait signé avant nous, d’où la promo merdique de l’album. Mais je suppose que cet album avait besoin d’être entendu en tant que promo. C’est drole comment les choses se passent.

 

No Greater Love

 

Blu: Ca parle de mes relations avant que je commence à travailler sur l’album, donc c’est au sujet de mon amour d’avant mon amour pour la musique. Donc c’est le vrai amour. La chanson entière est une comparaison de l’amour pour une femme et de l’amour de faire de la musique. De la vie de rue contre de la vie de famille, la musique contre la femme. Ca avait besoin d’être exprimé. C’était à un moment où on se disait que l’album était terminé. Exile continuait à faire beaucoup d’instrus de malades, et il faisait un nouveau son, un peu plus sombre avec les samples. Et je suis tombé sur ce son, j’ai écrit dessus, sans avoir réellement l’intention de le mettre sur l’album. En fin de compte, c’était une humeur qui manquait à l’album. Ca s’est glissé dedans et c’était une romance sombre et angoissante. C’était étrange, mais ça situait parfaitement l’humeur et le sentiment de ce combat. C’est une chanson d’amour quand tu roules la nuit, à l’opposé de la chanson d’amour de la journée.

 

Exile: Blu était chez moi quand j’ai créé le beat. Je pense qu’il m’a donné quelques conseils pour celui là et avait terminé son texte quand le beat était finit. Je me rappel que le cd sur lequel l’instru était a foiré et l’instru était partie! C’est comme si tu meurs quand ça se passe. Tu dois te calmer, gueuler un bon coup, te poser et le refaire. C’est dure de retrouver de la motivation pour recréer l’instru et espérer que ça sorte pareil.

 

Show Me The Good Life

 

Blu: Après avoir rencontré Aloe, j’ai commencé à faire la première partie d’Emanon ainsi que d’être leur hype man. On allait en tournée en Europe et tout; ils m’ont fait voyager autour du monde et m’ont présenté à une plus grande scène. Les concerts étaient sold out, comme en Allemagne. Genre ‘Merde! C’est quoi ce truc?’ Et c’était génial de voir que le public qui était à des milliers de km de nous aimait les mêmes chansons que moi d’Emanon et les connaissait par coeur. C’est comme tout réciter. J’avais la chair de poule à cette époque la. Ma première fois en Europe, et j’avais trouvé un nouvel amour. Quand tu trouves cette foule underground en Europe, tu ne la quittes jamais.

Show Me The Good Life était censée être sur l’album de Common. Exile envoyait des instrus à Common. Je pense que c’était pour Be. Ouais, c’était un beat de fou. Il a fait cette instru, je lui ai dit ‘Mec, tu sais. Ne me fais jamais écouter des trucs comme ca.’ Exile faisait des instrus pour Snoop à ce moment la, donc il y avait certaines instrus pour lesquelles je devais me battre. Et Show Me The Good Life est arrivée dans mes mains. On terminait l’album, et Exile m’a dit: ‘Common a refusé la chanson, donc tu peux l’utiliser’. Et j’ai répondu ‘Evidemment!’. Donc Aloe est venu, a fait son taf. Il a mi de l’intelligence dessus. Ce dont Aloe parle sur ça c’est profond. Aloe est un très bon écrivain. Il est très enraciné en tant qu’Afro-Américain. J’étais extrêmement reconnaissant pour ça. Mon pote, Monsieur Joseph a aussi chanté dessus.

Exile a tué ce putain de sample. C’était une chanson de Roberta Flack. Tu n’aurais jamais pu deviner ça. Genre, comment ce négro a réussi à coupé d’aussi petits incréments pour recréer ça. Mais c’était une telle palette où on retrouvait le luxe, l’électronique et le soulful. Les gens ont ressenti ça. Ca a touché beaucoup de gens mec. Dans beaucoup de concerts, beaucoup d’appréciation est venu de cette chanson. Pour moi, c’était probablement la chanson de l’album que j’ai le plus sous estimé, mais ça a construit sa crédibilité en tant qu’une des meilleures chansons de l’album. Et c’était dingue parce qu’après Kanye West a sorti The Good Life.

 

Exile: J’étais excité de la façon dont j’ai tourné le sample, ça ne sonne en rien comme l’original sauf pour le sample vocal.  Blu a un peu écrit son futur avec cette chanson, à ce moment là il n’avait pas d’enfant et maintenant il est papa. Je pense qu’il rappait à travers les yeux de lui ayant un enfant. Aloe Blacc a vraiment enregistré un bon couplet, un de mes préférés d’Aloe. Je me rappel qu’on était à Oxnard, Californie au Loot Pack DJ. On enregistrait cette chanson et Oh No est arrivé et nous a filé assez de joints pour être défoncés. Trois joints l’un après l’autre c’est beaucoup pour moi. Quand on est arrivé en studio pour enregistrer, Blu voulait que je me lève et que je dise des trucs dans la chanson mais au début j’étais trop défoncé pour faire quoi que ce soit. Je disais: ‘Nah, ca va’. Mais il m’a traité de punk ou de quelque chose et je me suis levé, j’ai dit quelque chose dans l’intro. Blu n’avait jamais fumé de l’herbe quand on a commencé à faire l’album; il disait qu’il allait fumer son premier joint lorsque l’album allait être fini. J’aurais voulu me souvenir à quelle session il a fumé pour la première fois. Je ne suis pas sur mais j’étais là. Maintenant c’est un professionnel pour fumer.

 

Aloe Blacc: C’est assez facile de travailler avec Blu. Il m’a envoyé l’instru et m’a demandé si je voulais collaborer. Je voulais que Blu écrive un couplet et il l’a fait comme un pro. Après qu’il ait laché le sien j’ai essayé d’en faire un du même niveau avec quelques images tout en restant dans le sujet. J’essayais vraiment de rester au contact avec son couplet. Je pense que j’ai pris l’instru à la maison et l’ai enregistré à mon propre rythme pour qu’il n’y ait pas de précipitation en studio.

 

Simply Amazin’

 

Blu: Fuck, c’est ce qu’on voulait que l’album soit, juste de la soulful crue. Mais on a fini par exprimer tellement de choses. Comme mon pote dit: ‘Mec, tu dois y aller comme Jimi Hendrix y allait’. Donc beaucoup plus de chansons personnelles sont arrivées, mais ce feeling cru avec Simply Amazin était la direction. Et c’est vraiment ce feeling mec. Une des chansons les plus crues, une des plus osées de l’album, et ça paraissait bien. Ce style est probablement l’un des seuls de mes anciens styles que j’ai gardé avec moi jusqu’à ce jour. Rien que de mettre cette merde crue sur de la merde soul.

 

Exile: J’aimais produire quand Blu allait rapper. Mes oreilles étaient ouvertes et il prenait toujours une bonne direction pour mes beats. C’est un autre beat que j’ai du recréer, ces putains de disques old school d’MPC sont vraiment imprévisibles, mais j’ai ravalé ma fierté et l’ai recrée.

 

Cold Hearted

 

Blu: C’était la chanson la plus personnelle que j’ai jamais écrite de ma vie. C’est un résumé de ma tristesse en tant qu’enfant. La tristesse d’où provient le nom Blu. C’est comme si ‘Cold Hearted’ était une larme sur l’album. J’étais loin quand j’ai écrit ce truc. Je me rappel juste être allongé sous la table de quelqu’un. J’étais trop défoncé pour me rappeler d’où j’étais. J’ai écrit ça sur l’instru la plus dégoutante de tous les temps. Et lorsque je l’ai fait écouté à Exile, il venait de produire ce beat très très soulful qui parlait d’un gars voyageant en mer pour échapper à son amour. Et quand on l’a coupé, j’ai appelé Miguel immédiatement. Je lui disais: ‘Tu dois venir écouter ça’. Miguel est arrivé et a kiffé, il disait: ‘On a juste besoin d’un refrain ou quelque chose’. Il a écrit une partie plus longue que la mienne. La mienne faisait 32 bars, son refrain faisait 24 bars. Les négros ont fait couler des larmes pendant cette session.
Beaucoup de gens peuvent se retrouver dedans. Beaucoup de gens m’ont dit des trucs de ouf de la façon dont ils se retrouvent dedans. Mec je ne peux même pas décrire Cold Hearted. Mais je dirais que c’est une larme.

 

Exile: Blu est vraiment entré dans cette chanson, Miguel est arrivé et la vibe était énorme mais remplie de vie et d’excitation pour le son qui était fait. Blu et Miguel se connaissent depuis longtemps ils avaient un groupe qui s’appelait Rhythm and Blu. Below The Heavens a commencé à vraiment devenir un classique lorsque j’ai entendu cette chanson être créée en studio. On savait parfois qu’on avait un classique et parfois on détestait l’album, on ne savait jamais vraiment ce qui allait se passer jusqu’à ce que les fans répondent.

 

Miguel: Je me rappel du jour où on a fait ça. Je me rappel d’Exile qui était dans cette petite pièce, je me rappel l’odeur de la pièce, et je me rappel de la maison. C’était plus un appartement. C’était un peu leur bureau. Je me rappel montant les escaliers jusqu’à cette petite pièce tout au dessus de cette vitre circulaire et Blu m’a fait écouter ses couplets et je me disais: ‘What the fuck?’ Je ne t’avais jamais entendu rapper comme ça. Je n’ai jamais entendu quelqu’un rapper comme ça. J’ai du l’écouter trois ou quatre fois pour comprendre l’histoire. Je me disais: ‘Je ne vais pas lui demander de m’expliquer, ça me ferait passer pour un imbécile’. Je me rappel avoir commencé à formuler la question mais je ne voulais pas qu’il pense que j’étais débile. Mais je me rappel après la quatrième fois j’ai compris. Donc j’ai écrit le refrain. Je n’avais jamais écrit un refrain comme ça avant, et je n’avais jamais écrit un refrain comme ça depuis. Ca reste un des refrains préférés que j’ai écrit.

 

The World Is…

 

Blu: Donc on avait terminé l’album, et Exile disait: ‘Qu’est-ce que Below The Heavens signifie?’ Donc je suis allé chez moi et j’ai écrit un son, et Ex n’aimait pas l’instru sur laquelle je l’avais enregistré, donc il a changé le beat. C’est une des plus belles instrus. C’est une tuerie, ensuite, je devais mettre ce refrain de Nas dessus. Maintenant, lorsqu’on fait des concerts, on met juste les paroles de Nas et Jay Electronica dessus et on laisse le public kiffer.

Cette chanson a pris deux sessions différentes; la session originale était plus pure. J’avais comme une boucle étrange. Ca m’a rappelé le son A Friend de Krs-One. Exile disait: ‘Mec, on a besoin d’une nouvelle instru pour ça. C’est génial.’ Et le groupe est venu après. Ils étaient censé jouer un petit morceau mais ils en sont arrivés à le changer en outro. Et c’est devenu You Are Now In The Clouds With (The Koochie Monstas). C’était le groupe à ce moment là.

 

Exile: Au départ c’était créé sur un style de beat de faux Kanye soul-chipmunk lent et bouncy et ça allait être sur l’album jusqu’à cette instru soit faite. J’ai dit: ‘Essaie ce couplet sur ce beat’. Dès que Blu a posé les lyrics? Wow, c’est tout ce que je peux dire, j’adore ce son.

 

You Are Now In The Clouds With…(The Koochie Monstas)

 

Exile: Les vieux potes de Blu trainaient avec un groupe qui s’appelait Glory, et d’autres potes aussi connus sous le nom de Koochie Monstas nous ont fait l’honneur d’être sur ce son! On avait juste besoin d’eux sur l’album afin de compléter le cercle familial, et en plus ce sont des musiciens de malade. Blu a géré l’enregistrement et j’ai géré les arrangements avec Blu et DJ Romes pour que ça concorde avec la voix de Miguel. Je me rappel que j’étais super défoncé avec l’herbe d’Oh No. Je dois admettre que je suis un poids léger avec l’herbe. Encore une fois Blu avait choisit le mauvais moment pour me faire poser et faire un beatbox sur le son et je lui ai répondu que j’allais pas le faire parce que je kiffais le moment (rires). Ca l’a énervé et il m’a gueulé dessus et j’ai du sortir avant que je perdre la tête afin de rassembler mon esprit (rires). Mais ensuite je suis revenu, j’ai posé et c’était que de l’amour.

 

I Am

 

Blu: La première chanson que nous avons enregistré était la dernière chanson sur l’album. I Am. On a commencé à l’enregistré et je suis allé voir Oh No. Et ce négro Oh No avait des beats de dingue. J’étais genre: ‘Il faut que j’aie Oh No sur l’album.’ Mais Exile disait: ‘Mec, tu ne peux pas mettre ce gars sur l’album, je fais une battle contre ce gars. Donc on a laissé tombé pendant quelques temps parce que je connaissais Oh No avant Exile. Je voulais collaborer avec Oh No mais ils avaient cette grosse battle qui arrivait donc on a du mettre ça en pause. Et on a eu une session, Exile a sorti le sample de Sesame Street. Ce truc était le truc le plus ouf. Ca faisait: ‘I am blue’. Le son de The Grover et tout. Je kiffais 45 King. Des samples joyeux. Des loops de Prince Paul et tout. Donc, j’étais complètement pour le sample de Sesame Street. C’était le premier son sur l’album qu’on savait qu’il allait être dessus; tout ce qu’on avait fait avant était presque pour Dirty Science. Mais quand on a fait I Am on s’est dit: ‘Ouais, on commence l’album.’

 

Exile: Cette chanson a en fait été enregistrée sur FourTrack au début de la confection de l’album. Blu m’avait amené un son de Sesame Street pour sampler Grover qui chantait au sujet d’être bleu. J’ai fait les drums et j’ai samplé le son sans même essayer le sample. Blu a écrit le couplet sur place, je l’ai enregistré et ensuite j’ai fait une version différente de l’instru. J’étais genre: ‘Yo, faisons un truc old school chacun à notre tour.’ On a écrit des trucs chacun à notre tour, j’ai écrit certaines de ses lignes, il a écrit certaines des miennes. Après avoir terminé on est resté travailler jusqu’à ce que le soleil se lève et on a décidé qu’on allait faire un album ensemble. Il y avait des moments où Blu réfléchissait à faire un projet avec Oh No ou en utilisant les instrus de nous deux mais ce fut cette session qui a solidifié Blu and Exile, ce qui a mené à la création du classique Below The Heavens.

 

Adra
Adra
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