Voici un article rédigé et proposé par Encyclopedic retraçant 20 années de la musique Hip-Hop à travers 25 chansons cultes:
Il y a 45 ans naissait le Hip Hop. Ce mouvement nouveau naquit en Amérique plus précisément dans les quartiers afro-américains. Le Hip Hop contrairement à ce que beaucoup pensent, n’est pas seulement une forme de musique mais plutôt un art. Il est composé du Rap, du Graffiti, du Djing, du Beat Boxing et du Break Dancing. Ce mouvement a connu sa popularité présente grâce surtout au Rap qui en est l’élément fondamental au point de voir ces deux termes confondus. J’ai beaucoup de respect pour le Graffiti et le Break Dancing mais ces deux composantes du Hip Hop sont devenues des supports du Rap et figurent toujours en arrière plan. Un profane pourrait facilement me donner le nom de 10 rappeurs mais un vrai fan du mouvement aura du mal à me donner 3 noms d’artistes graffiteur ou de danseurs hormis les résidents des »quartiers hip hop » et certains aficionados.
Et pourtant les premières stars du mouvement n’étaient pas les MCs (Master of Ceremony) mais plutôt les DJ (Disc Jockey). Vers les années 70, dans le South Bronx (quartier de New York), les Block parties se popularisent en particulier chez les afro-américains. Les block parties incorporent des DJs, qui jouaient des genres de musique populaire, en particulier funk et soul. Avec un accueil positif, les DJs commencent à isoler les breaks percussifs des chansons populaires. Cette technique vient de la musique dub jamaïcaine et est largement popularisée à New York par les immigrés originaires de Jamaïque et des Caraïbes, comme DJ Kool Herc, appelé le père fondateur du hip-hop.
C’est plus précisément en 1973 que DJ Kool Herc mixe son premier block party pour l’anniversaire de sa sœur au 1520 Sedgwick Avenue, Bronx, New York, dans leur bloc appartement. Block Parties combinent fraternité, voisinage et entraide.
Je ne vais pas pour le moment faire un article sur le Hip Hop en tant que tel mais plutôt partager avec vous quelques productions qui ont amené le Hip Hop au niveau qu’on lui connaît aujourd’hui. Ce sera l’occasion pour les plus jeunes de revenir un peu en arrière pour connaître les légendes qui ont inspiré la vague des nouveaux artistes comme Kendrick Lamar, Drake, J.Cole et consorts mais aussi pour les plus »vieux » de se remémorer le bon vieux temps.
De 1979 à 1999 voici les productions qui ont grandement influencé ce mouvement. (1979 est l’année où on a eu le premier vrai hit de l’histoire du rap, 1999 a été choisie pour avoir un écart de deux décennies). Je tiens à préciser que le choix de ces productions m’est propre et je l’ai fait pour des raisons bien précises qui vous seront expliquées.
Note : les titres sont en italiques et le nom des artistes en gras
1979– Rapper’s Delight- Sugarhill Gang
– c’est le premier titre rap à avoir une renommée internationale, classé 36 ème du BillBoard Hot 100. Il faut aussi notifier que le premier succès du rap était surtout dû à une musique mainstream (grand public) plus qu’à du rap revendicatif ou hardcore.
1980 –The Breaks– Kurtis Blow
– De la bonne musique voilà ce qu’on pourrait dire de ce morceau au rythme Funk. C’est la première chanson hip hop à avoir été certifiée disque d’or. Kurtis Blow fut aussi le premier rappeur à avoir signé avec une major (les majors de l’industrie musicale désignent aujourd’hui trois sociétés qui se partagent l’essentiel du marché de la musique. Elles représentent 71,7 % des ventes de productions musicales sur le marché mondial, Universal Music Group, Sony Music Entertainment, Warner Music Group).
1982- The Message – Grandmaster Flash and the furious five
Cette chanson a été certifiée disque de platine moins d’un mois après sa sortie. Personne n’oubliera ce couplet légendaire : » Don’t push me ‘cuz I’m close to the edge, I’m trying not to lose my head ». Ce morceau est l’un des premiers à avoir un discours politiquement et socialement engagé au travers du récit d’un habitant du Bronx. Comme le souligne John McWhorter, « Le rap des premiers temps était essentiellement une musique joyeuse et festive » (« Early rap was mostly just happy party music »), et The Message marque dans une certaine mesure une inflexion de cette tendance. La postérité s’est focalisée sur les paroles du refrain, qui finit par « It’s like a jungle sometimes, it makes me wonder how I keep from going under » (« C’est comme une jungle quelquefois, je me demande comment je parviens à ne pas plonger »). Dans son ensemble la chanson fait une description de la triste vie dans les ghettos, mais sans la magnifier ni l’exalter, comme le feront dans le futur de nombreux rappeurs hardcore, en particulier ceux du gangsta rap. La chanson « conseillait plutôt à ses auditeurs de résister (…) mais le ‘message’ que la chanson a laissé dans la conscience collective est simplement la lamentation passive contenue dans ce refrain ».
D’ailleurs, si à la fin du clip les musiciens sont arrêtés et emmenés par la police, le tout se passe dans une relative candeur et sans violence.
1985– La di da di – Slick Rick and Doug E. Fresh
Ce morceau est tout simplement l’un des plus samplés (sample : extrait sonore obtenu à partir d’un morceau ) du monde hip hop. Depuis sa sortie jusqu’à nos jours elle est utilisée ( et certainement elle continuera toujours à être utilisée). De Spice 1 à Iggy Azalea en passant par Notorious Big
1986– My Adidas– Run DMC
Les rappeurs de ce groupe mythique vantèrent la marque allemande Adidas sans savoir que cela aurait une influence énorme dans le milieu. Sans chercher à y gagner quoi ça soit côté marketing en composant ce morceau Jam Master Jay, Rev Run et DMC finiront par empocher un contrat de 1 million de dollars de la part de la compagnie allemande ! (à l’époque c’était gros ). Ce morceau associé au deal (qui en est la résultante) aura été le précurseur du rap-business. Sans cela on n’aurait peut-être pas Rocawear (marque de vêtement de Jay Z et ses associés), Phat Farm, Fubu, etc.
1987– The Bridge is over –Boogie Down Productions
Selon certains spécialistes 1987 est l’année où commença ce qu’on appelle le Golden Era (l’âge d’or du hip hop). En effet beaucoup de hits légendaire (toujours en vogue à notre époque) verront le jour comme Push It de Salt N Peppa, I need love de LL Cool J, I ain’t no joke de Eric B and Rakim, Boyz in da hood de Eazy E, Rebel without a pausede Public Enemy. Mais cette année marquera aussi la sortie de l’un des plus grands diss-tracks de l’histoire, toujours cité en référence. Diss-track c’est une production musicale dans laquelle on attaque une personne ou un groupe. Krs-One (l’un des membres de ce groupe) attaque personnellement Mc Shan et son crew à travers un texte riche et assez amusant. Il sortira vainqueur dans cet affrontement verbal légendaire qui était nommé The Bridge Wars (leur affrontement avait pour origine de démontrer dans quel quartier New-Yorkais était né le hip hop, South Bronx vs Queens). Ce morceau sera le précurseur des diss-tracks dans le milieu si compétitif du hip hop. Faire un diss-track (surtout pour se défendre) est un passage obligé pour ‘’survivre’’ dans le rap.
1988– Straight Outta Compton– NWA
Comment parler de 1988 sans mentionner ce hit de NWA ! Ce groupe sorti de nulle part. Avec le jeune Dr Dre à la baguette, Ice Cube, Mc Ren et Eazy E sortiront des lyrics vraiment denses et créeront une nouvelle voie au Hip Hop. Los Angeles et la West Coast en général deviendra la nouvelle cité du Hip Hop après New York. NWA sera le porte étendard du genre gangsta-rap qui sera incontournable plus tard. L’album éponyme sera multi-platine sans diffusion à la radio !
1989– Fight the power– Public Enemy
Ce morceau avait été produit pour le film de Spike Lee ‘’Do the right thing’’. Le réalisateur américain souhaitait consacrer un film aux tensions qui secouaient à l’époque la ville de New-York : pour accompagner ce long-métrage politique, il était à la recherche d’un hymne et a donc contacté Public Enemy. Ce morceau considéré comme l’un des meilleurs de l’histoire sera considéré comme l’hymne des jeunes afro-américains dans un contexte difficile pour eux face aux conséquences de la Reagan Era (l’ère du président Ronald Reagan) et du mandat de George Bush sr, qui ont été défavorables aux ghettos (avec l’émergence du crack).
1990– Can i kick it ? – A Tribe Called Quest
Contenant plusieurs samples dont ‘’Walk on the wild side” de Lou Reed , ce morceau au beat jazzy se révèle comme étant l’un des mentionnés dans le monde du hip hop.
1991– Brendas’s got a baby– Tupac / My mind playin tricks on me– Geto Boys
-Tupac n’a pas toujours été trash et thug. All Eyez On Me n’était pas son seul album (pour les profanes !). On en oublie même qu’il faisait aussi du rap conscient. Ce morceau est probablement l’un des plus tristes du rap. Tupac traite de la situation d’une jeune fille enceinte laissée à elle-même sans ressources ni aucune personne pour l’aider. Cette histoire met en exergue les défaillances du système social, les mauvaises conditions de vie, l’exploitation des jeunes filles et le cas des jeunes mères célibataires.
-La production des Geto Boys aura permis quant à elle de mettre le Sud des USA sur la carte du hip hop, New York et Los Angeles étant les principales villes ressources de cet art.
1992– Nuthin’ but a G thang – Dr Dre ft Snoop Dogg/ Today was a good day–Ice Cube/ T.R.O.Y– Pete Rock & CL Smooth
-Cette année est décidément l’une des plus fastes de l’histoire du hip hop. J’ai choisi trois productions classiques et citées parmi les meilleurs de tous les temps. ‘’Nuthin’ but a G thang’’ marque l’ère du G Funk (style de musique rap dans lequel des beats funk sont utilisés) et réoriente la direction du rap West-coast.
-Le morceau mélancolique de Ice Cube est excellent sur le plan musical tant du côté instrumental que du côté de l’écriture.
-‘’T.R.O.Y’’ est l’un des singles rap les plus samplés tant elle aura été influente et bénéficiant d’un accueil critique très favorable au point d’être classé numéro 1 de tous les temps par beaucoup de magazines et sites hip hop.
1993– CREAM- Wu Tang Clan
Cash Rules Everything Around Me, à travers cet acronyme le groupe de Staten Island nous donne une leçon sur l’argent et fait aussi l’apologie du travail et de la créativité. Ce morceau part à contre-courant des productions qui glamourisent le style de vie gangsta (vendre de la drogue et dépenser son argent dans le luxe). Le couplet de Inspectah Deck, le refrain de Method Man ainsi que le beat composé par RZA ont contribué à la notoriété de ces 3.
1994– The world is yours – Nas / Juicy– Notorious BIG
-C’est peut-être avec un brin de mauvaise foi que j’ai fait ce choix (rires) car Nas est mon rappeur préféré et Illmatic est un album que j’ai saigné maintes fois. Néanmoins en étant quand même objectif, personne ne rechignera à placer ce morceau sur cette liste. Le beat composé par Pete Rock est sublime et Nas à son prime est dans son aise.
Ce morceau servira même de sample pour un autre classique du rap sorti deux ans après (Dead President de Jay Z).
-‘’Yeah, this album is dedicated to all the teachers that told me I’d never amount to nothin’
To all the people that lived above the buildings that I was hustlin’ in front of called the police on me when I was just tryin’ to make some money to feed my daughter and all the niggas in the struggle’’, Notorious Big commence par cette allocution destinée à ses profs qui l’ont longtemps découragé ainsi qu’aux personnes qui l’ont dénoncé à la police alors qu’il cherchait seulement de quoi mettre à la bouche de sa fille (en vendant de la drogue). Ce morceau est une ode à la célébration et aux festivités (après la pluie, le beau temps), le tout sous un instrumental dansant et carrément mainstream (on utilise le mot mainstream quand c’est une production destinée au grand public et au club donc moins hardcore bref plus enjolivée).
‘’ Juicy’’ est tout simplement inoubliable et c’est la parfaite production qui sait traverser les époques. Il a le mieux vieillit parmi tous les classiques.
1995– Shook Ones Part II– Mobb Deep
‘’Le meilleur son gangsta rap’’ diront certains. Impossible de parler de l’histoire du rap sans mentionner ‘’Shook Ones’’. L’instrumental produit par Havoc est un classique, le couplet de Prodigy est une tuerie. Il a carrément marqué la renaissance du rap East-coast.
1996– Crossroads – Bone Thugs-N-Harmony
Un son mythique destiné à un rappeur mythique (il a été dédié à Eazy E). Touché par le décès de leur mentor, ce groupe qui a la particularité de chantonner ses paroles décida de refaire ce morceau (initialement dédié à un ami). D’ailleurs il est bon de souligner que Bone Thugs-N-Harmony est le groupe le plus sous-estimé par les fans hip hop. Les paroles chantonnées, et le choix de bons instrus leur ont permis de produire des classiques (1st of a month, Thuggish ruggish bone). ‘’Crossroads’’remportera un Grammy Award en 1997 et sera 2 fois disque de platine.
1997– Notorious Thugz – Notorious BIG ft Bone Thugs-N-Harmony/ Changes–Tupac
-Juste la meilleure collaboration de tous les temps du rap. Quand le rappeur qui a le meilleur flow de l’histoire fait un featuring avec un groupe qui chantonne ses paroles (chapeau à eux pour avoir conservé chacun leur propre style dans ce morceau), ça ne peut donner qu’un son agréable à l’oreille, donc de la pure musique.
-‘’Changes’’ pourrait être considéré comme un discours tellement il est poignant. Sorti à titre posthume, il a été la production la plus populaire de Tupac au point de tourner en boucle dans beaucoup de radios généralistes dans le monde. Ce morceau traite du racisme, de la brutalité policière, de la drogue et de la violence des gangs.
1998–Doo Wop– Lauryn Hill
2 Grammy Awards, 4 MTV Awards voici ce qu’a récolté ce magnifique morceau composé par le membre des Fugees à l’époque (elle a produit l’instrumental). Le refrain est juste agréable avec la voix mélodieuse de Lauryn Hill. ‘’Doo Wop’’ était contestablement l’un des meilleures chansons de l’année 98 (2 ème selon The Village Voice).
1999– Still Dre– Dr Dre/ My Name Is–Eminem/When I be on the mic–Rakim
Quand ‘’Still Dre’’ donnait un nouveau souffle au rap West-Coast et à la carrière de Dr Dre (qui venait de sortir son premier album sous la bannière Aftermath), que Eminem sortait ce qui allait être le son qui aura lancé sa carrière et avec lequel il gagnera un Grammy Award de la meilleure chanson rap en 2000 (pour son premier album !), Rakim clôturera le chapitre du règne de la East-coast à travers ce morceau classique produit par DJ Premier. En effet je ne trouverais plus aucun morceau phare (contenu dans un album et non une mixtape) aux sonorités East-coast à l’ancienne après ‘’When i be on the mic ‘’.
Article rédigé et proposé par Encyclopedic.