Dear God 2.0, la lettre ouverte de The Roots à Dieu

‘Dear God 2.0’ est sorti en 2010 et est tiré de l’album How I Get Over. Dans ce morceau, le groupe The Roots fait appel à Dieu afin qu’il les éclaire sur la situation mondiale désastreuse en terme d’injustice, d’inégalité et de globalisation.






Jim James, du groupe My Morning Jacket, fait une apparition sur ce morceau où il essaie de solliciter Dieu pour s’entretenir personnellement avec lui afin de renforcer sa foi :

Cher Dieu, j’essaie de te joindre
Cher Dieu, je vois ton visage dans tout ce que je fais
Parfois, il est si difficile de croire en…
Mais Dieu, je sais que tu as tes raisons

Black Thought ironise l’appel de Dieu comme si celui-ci se réglerait par téléphone portable. Ici, il questionne le Seigneur sur l’actualité mondiale en évoquant le commerce chinois qui s’empare du marché à échelle planétaire ou encore sur l’individualisation des Hommes via les nouvelles technologies, qui par le biais d’une approche de rassemblement, divise le peuple. Il énumère également les diverses causes écologiques, sociales, ou encore climatiques qui nuisent à la planète :

Ils disent qu’il est occupé, restez en ligne s’il vous plaît
Traitez-moi de fou, je pensais que peut-être il pourrait lire dans mon esprit
Qui l’aveugle dirige-t-il ? Montre-moi un signe s’il te plaît
Si tout est fabriqué en Chine, sommes-nous chinois ?
Et pourquoi les haineux nous séparent-ils comme des siamois ?
La technologie qui transforme la planète en zombies
Tout le monde fouille dans le linge sale de tout le monde
Pluies acides, tremblements de terre, ouragans, tsunamis
Terroristes, crimes, agressions et vols
Les flics crient « stop, pas un geste » et l’abattent avant qu’il essaie de partir
La qualité de l’air est si mauvaise que je dois essayer de respirer
Des espèces en voie de disparition, et nous épuisons les arbres

Obnubilés par la superficialité de certains événements, les humains ne se soucient plus des catastrophes planétaires causées par la mondialisation comme les guerres, l’économie, la finance ou encore la sur-consommation. Face à toutes ces atrocités, les individus préfèrent prendre la fuite via des anxiolytiques plutôt que d’affronter la réalité :

Si je pouvais tenir le monde dans la paume de ces mains
Je supprimerais probablement ces anomalies
Tout le monde cherche les nouveaux nominés aux Awards
Les guerres et atrocités, regarde toute la pauvreté
Ignorant les prophéties, plus de bœuf que de brocoli
Le monopole des sociétés, la faiblesse de l’économie mondiale
La bourse en chute libre, l’abondance de marijuana
Oxycodone et Clonazépam, tout le monde en manque

Black Thought se met à la place d’un travailleur ordinaire et révèle qu’il est au bord du burn-out en raison de la charge de travail qu’il a à surmonter afin de réussir à vivre convenablement :

Oui, c’est toujours moi, un de tes plus grands fans
Je quitte le travail pour directement retourner au travail
Je dois probablement passer mon examen pour ma tête

Ici, il évoque la mort de son père décédé par balles. C’est ainsi qu’il questionne Dieu sur l’intérêt de vivre, si l’objectif est d’affronter toutes ces rudes épreuves. Initialement prévu comme un havre de paix, il accuse la laideur de ce monde créé par le Seigneur en personne et lui demande humblement des réponses car étant croyant, il ne peut le juger comme responsable de cette misère :

Ils ont envoyé mon père vers toi sous un déluge de balles
Pourquoi le monde est-il si laid alors que tu l’as fait à ton image ?
Et pourquoi vivre est-il un tel combat jusqu’à la fin ?
Pour ce pourcentage élevé, alors que le ciel est la limite
Une seconde est une minute, chaque heure est infinie

‘Dear God 2.0’ propose une dimension spirituelle assez inédite où The Roots doutent de leur propre croyance religieuse, en raison de la détresse humaine de chaque individu face à cette adversité malheureuse.

 

De quoi ça parle? est la section d’Adramatic Hip-Hop dans laquelle vous retrouverez quotidiennement une analyse textuelle détaillée d’un son ainsi que la traduction de ses passages clés afin d’en extraire l’histoire qu’il raconte.

Jeanne N
Jeanne N
Passionnée de la culture hip-hop depuis des années, je suis une grande fan de gangsta rap notamment N.W.A, Ice-T, 2Pac ainsi que d’artistes new-yorkais tels que Notorious B.I.G, Mobb Deep, Nas ou encore Public Enemy.