En 2014 Busta Rhymes a fait appel à Eminem pour son single Calm Down qu’il comptait mettre sur Extinction Level Event 2 qu’on attend toujours. Il voulait en faire un single pour la radio et avait déjà enregistré deux couplets d’une longueur normale dessus. Mais Eminem avait autre chose en tête… comme le raconte Busta Rhymes:
« Au départ, la chanson durait 3:08, j’avais fait une structure normale: 2 couplets de 16 bars et un refrain, le même refrain qu’il y a sur la version finale. J’ai rencontré Paul Rosenberg avec Chris Lighty, j’ai donné le cd à Paul et je n’ai plus eu de ses nouvelles pendant 6 semaines. Ensuite quelqu’un a écouté le son et l’a kiffé, il est allé parler à Paul, deux semaines après on a eu un appel confirmant qu’Em était prêt à faire le son. Ensuite deux mois sont passés pendant lesquels on n’a plus eu de nouvelles. On a un appel de Paul disant qu’il va passer en studio pour nous faire écouter le couplet, il nous le fait écouter, Em rappait pendant 42 bars. Et j’ai dit ‘non, ça ne va pas le faire, t’es pas fair play Em, je dois retourner en studio et rajouter des bars’. Donc j’ai effacé mes 2 couplets de 16 bars parce que ça n’allait plus avec la structure du son, je rappais en donnant de l’énergie pour que ça s’écoute en boite et en radio, alors que lui disait qu’il essayait de me guillotiner, donc j’ai dû changer mon approche, donc j’y suis retourné et j’ai écrit 52 bars. Ensuite Em a écouté le son le jour où on était censé le mixer et a dit ‘On ne va pas le mixer aujourd’hui, t’es retourné en studio pour réenregistrer et maintenant je dois réajuster mon énergie’. Donc on a encore attendu 6 semaines, son couplet s’est transformé en un couplet de 64 bars, et j’ai transformé le mien en un couplet de 60 bars. Donc on est retourné 4-5 fois en studio et finalement la chanson est passée de 3 minutes et 8 secondes à 6 minutes et 6 secondes.
J’ai aimé ce que c’est devenu, on s’inspirait l’un l’autre pour se pousser et pour amener le meilleur de nous même et c’est devenu une compétition respectueuse.
Et ce que j’ai ressenti à la fin de tout ça était qu’il en avait encore quelque chose à foutre, tout le temps passé en studio, payer les ingénieurs, investir des heures dans ton écriture, revenir et changer des phrases, ça veut dire que ça t’importe vraiment. On s’en foutait des règles, personne ne nous a dit ce qu’on devait faire, on s’en foutait de la structure d’un son pour radio, on va transformer ça en une pièce d’art. Et ça a donné les fondamentaux du Hip-Hop: des punchlines, métaphores, flows et ça a rappelé aux négros ce que le Hip-Hop était censé être, à l’opposé de juste rapper. »
(Article du 3 janvier 2017)