5 raisons qui font que Belly avec Nas et DMX est un bijou du cinéma hip-hop

Belly n’est pas un chef-d’œuvre. Ce n’est pas Scarface. Bon sang, ce n’est même pas Deep Cover avec l’excellent Laurence Fishburne. Mais je pense en fait qu’il est – pour moi – plus spécial que ces deux films réunis, ou du moins, plus en phase avec ma personnalité, surtout à cette époque. Belly est un film réalisé par un réalisateur de clips vidéos de rap (Hype Williams) et met en scène certains des plus grands rappeurs de l’époque (Nas, DMX, Method Man, AZ, etc.). C’est un film qui occupe une place spéciale dans mon cœur, mais je pense aussi que c’est un très bon film, et j’ai cinq raisons de le penser.

Le jeu des acteurs est en fait très bon pour un film mettant en scène principalement des rappeurs

Je vais supposer que vous avez à peu près mon âge (la trentaine) et que vous avez écouté beaucoup de musique rap dans les années 90. Alors, vous souvenez-vous des skits sur les albums de rap? Parfois, ils étaient ridicules, mais il s’agissait généralement de séquences criminelles où les rappeurs parlaient de vendre de la drogue ou de tirer sur des gens, ou de vendre de la drogue tout en tirant sur des gens. Ce genre de choses. Eh bien, Belly ressemble à un skit de rap d’une heure et demie, ce qui semble vraiment épouvantable dans le concept, et l’aurait été s’il n’y avait pas eu le jeu des acteurs dans ce film.

Oui, j’ai été surpris à l’époque et je le suis encore aujourd’hui de voir qu’un film composé principalement de rappeurs et mettant en vedette des rappeurs comporte des acteurs plutôt bons. Maintenant, je ne pense pas qu’il y ait vraiment beaucoup de différence entre leurs rôles et leurs vies dans Belly. C’est comme quand Eminem jouait son propre rôle dans 8 Mile, et qu’il le faisait bien. Mais je pense que Nas, DMX, et surtout Tionne « T-Boz » Watkins dans le rôle de la petite amie du personnage de Nas, euh, Tionne, et le toujours génial Method Man dans le rôle du père Sha, brillent vraiment alors qu’ils n’avaient pas à le faire pour un film de cette nature.

 

La bande-son est fantastique

La bande originale de Belly est un véritable feu d’artifice, et il valait mieux qu’elle le soit avec tous ces rappeurs dans le film. Ce dont je me souviens le plus, c’est de « Devil’s Pie » de D’Angelo, qui a débuté sur cette bande originale mais qui est réapparu plus tard sur son propre album Voodoo. Mais chanson après chanson après chanson, cette bande originale est géniale. Je ne pense vraiment pas qu’il y ait ne fut-ce qu’une mauvaise chanson.

Et le meilleur, c’est que ça vous fait penser au film. Les paysages sonores sordides correspondent parfaitement au ton du film. La chanson « Grand Finale », interprétée par DMX, Nas, Method Man et Ja Rule semble vraiment appartenir à cette histoire. Je ne peux pas en dire autant de beaucoup d’autres bandes originales, surtout de cette époque, qui donnent l’impression d’être une chose à part entière plutôt que de se connecter au film lui-même. Toutes les bandes originales ne peuvent pas être comme celle de Reservoir Dogs, qui s’intègre parfaitement au film. Et on pourrait dire la même chose de Belly.

 

Les compétences de Hype Williams en matière de réalisation de vidéos sont mises en valeur

J’ai dit plus haut que Belly ressemblait à un skit d’album rap de 90 minutes, mais il ressemble aussi à un clip vidéo de rap de 90 minutes. Les images de personnes parlant au téléphone ou simplement assises autour d’une table semblent tout droit sorties d’une vidéo de Notorious B.I.G. ou de Tupac, deux artistes avec lesquels Hype Williams a travaillé.

Sérieusement, si vous regardiez autant de clips de rap que moi dans les années 90, et encore une fois, je vais supposer que c’est le cas puisque vous lisez cet article, alors certaines de ces prises de vue vous rappellent fortement une vidéo de Missy Elliot ou de Busta Rhymes, et cela lui donne sans aucun doute un certain style que la plupart des autres films n’ont pas. Donc, Belly a assurément un style et un panache comme aucun autre. Surtout quand il s’agit de l’intro.

 

Cette intro est toujours aussi étonnante

Vous aimez cette transition? Merci, merci. Mais sérieusement, j’ai des frissons chaque fois que je revois l’intro de Belly. Je ne peux pas la montrer ici car il y a des femmes nues qui dansent dedans, mais vous pouvez la visionner sur YouTube. Avec leurs yeux blancs brillants et les lumières vacillantes, cela me rappelle presque la scène de la boite de nuit dans le premier Blade, qui est sorti la même année en 1998.

Et bien qu’il n’y ait pas ici de pluie de sang ou de vampires qui se font découper en morceaux au son de la techno, la violence et le carnage n’en sont pas moins saisissants, surtout quand on était tellement habitué à l’époque à entendre des histoires de gens qui se faufilaient avec des armes dans les boites de nuit et tiraient sur les gens (« You got a gun up in your waist, please don’t shoot up the place »). Oui, cette intro me frappe encore. Dur.

 

C’est une véritable capsule temporelle de l’époque

Enfin, Belly donne une sensation très spécifique de la fin des années 90, surtout si l’on était amateur de rap à cette époque. Nous étions en plein dans « l’ère jiggy » du rap, et Belly a vraiment des allures de film qui le montre. Jay-Z passait sur les ondes, débitant des histoires de crimes, et Bad Boy et même No Limit étaient la vie à l’époque. Hot 97 était la station que l’on écoutait pour les morceaux les plus chauds, et MTV Raps était ce que l’on regardait pour voir les dernières vidéos.

Et Belly est comme l’aboutissement de tout ça. Ce n’est pas un biopic rap comme Straight Out of Compton qui renvoie à une certaine période. C’est un film qui se situe aisément dans la période dans laquelle il se trouve et qui représente pleinement les années 90. Si vous êtes jeune et que vous n’avez pas grandi à cette époque, mais que vous vous intéressez quand même à cette période, alors vous devriez absolument regarder Belly. C’est la représentation la plus pure de la fin des années 90 et du début des années 2000 en ce qui concerne le rap et ses personnalités.

Yafar
Yafar
Inconditionnel de hip-hop old school "For every rhyme i write it's 25 to life"